Les symptômes de la grippe porcine l'empêchent de dormir, et en même temps de garder les yeux ouverts. Il halète. Couché dans son lit, il se tient d'une main au trépied du flacon de sérum, dans une des salles d'isolement de cet hôpital de Mexico où plusieurs victimes du virus sont décédées.

Médecins et personnel infirmier, revêtus de leurs combinaisons spéciales, sont les seuls à avoir accès aux malades en isolement du Pavillon 5 de l'Institut national des maladies respiratoires (Iner).

«La durée de l'isolement est de sept jours à compter du début du traitement», explique à l'AFP la pneumologue en chef du Pavillon 5, Alejandra Ramirez, quadragénaire menue, mais à la voix décidée.

Vingt-trois malades sont traités là pour des affections pulmonaires sérieuses, et pas forcément tous confirmés porteurs du virus. Ils sont répartis en six salles d'isolement, en fonction du degré de gravité des cas.

Ici, les patients lisent. Dans la salle voisine, ils bavardent. Plus loin, ils semblent inconscients, sous assistance respiratoire.

«Nous avons deux cas graves, arrivés à l'hôpital très tard alors que tous les autres, qui ont consulté dès les premiers symptômes, réagissent très bien au traitement», explique le Dr Ramirez. «C'est ce qui se produisait au tout début de l'épidémie, les malades arrivaient trop tard», ajoute-t-elle.

«Pour nous, la question épidémiologique n'est pas déterminante. L'important, c'est que les malades soient arrivés chez nous pour une pneumonie atypique, car le traitement est le même, virus H1N1 ou non», précise-t-elle.

C'est à l'Iner qu'ont commencé au Mexique les analyses de laboratoire pour le dépistage du virus H1N1. Médecins, personnel de soins, malades et familles ont été soumis à un assaut médiatique sans précédent aux premiers jours de la révélation de l'épidémie.

Des dizaines de reporters étaient postés nuit et jour à la porte, abordant toute personne qui entrait ou sortait. Dans le ciel, les hélicoptères des radios et des chaînes de télévision survolaient l'Institut.

Pour éviter la contagion, tout visiteur autorisé à entrer dans le Pavillon 5 est contraint à des précautions de base : lavage prolongé des mains, gel bactéricide, avant d'enfiler une blouse désinfectée et d'ajuster le masque devenu l'emblème de la lutte contre l'épidémie.

Dehors, le cireur de chaussures posté sur le trottoir et le père d'une malade hospitalisée ici sont les seuls à porter le masque.

La fille de Federico Briseno est hospitalisée là depuis un mois et demi, «pour un problème de gorge», indique-t-il. Depuis, il dort dans sa voiture, devant l'Institut. La carosserie est ornée d'affiches prônant la prévention contre l'épidémie.

«Bien sûr, je porte le masque et je me lave les mains le plus souvent possible, parce que j'ai été moi-même infecté», explique-t-il.

Les médecins, à l'entendre, lui ont dit qu'il «avait un virus». Mais comme il était à l'Institut tous les jours, «ils l'ont détecté vraiment à temps, et ont pu le contrôler rapidement», ajoute-t-il.

«Ils m'ont interné deux jours, et m'ont dit de faire désinfecter la voiture», raconte-t-il encore. Il ne sait toujours pas de quel type de virus il a été atteint.