La propagation de la grippe A (H1N1) semble diminuer, mais les autorités de la santé publique comptent maintenir leur surveillance pour être fin prêtes à réagir en cas de résurgence du virus.

Les cinq pays les plus touchés, dont le Canada, ont tenu une conférence téléphonique hier à l'invitation de l'Organisation mondiale de la santé pour faire le point sur les cas cliniques confirmés.

 

«On parle d'une infection de faible virulence pour l'instant», a déclaré le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Alain Poirier, au terme de cette conférence.

«Il ne faut pas baisser notre garde quand ce virus va s'installer dans toute la population du Québec, car on ne pense pas qu'il ne va pas le faire», a-t-il ajouté.

Même s'il semble moins virulent que ce qui n'était craint au départ, le virus continue sa propagation. De nouveaux décès ont aussi été confirmés hier, dont un deuxième aux États-Unis. Il s'agit d'une femme de l'État du Texas qui souffrait déjà de problèmes de santé chroniques.

Le Québec a pour sa part enregistré un quatrième cas confirmé. Il s'agit d'une personne de la région de Lanaudière qui revenait d'un voyage au Mexique. La maladie est bénigne.

À l'échelle canadienne, on compte 25 nouveaux cas, ce qui porte le total à 165. Dans tous les cas, le virus est de faible virulence, sauf pour une jeune fille de l'Alberta qui est hospitalisée à la suite de complications respiratoires. Elle va toutefois mieux, ont indiqué ses médecins.

Signe que l'inquiétude diminue, le gouvernement fédéral et l'Agence de santé publique du Canada n'ont pas tenu de conférence de presse quotidienne hier.

Du côté de Québec, les autorités de santé publique se voulaient rassurantes. Elles rappellent toutefois que le travail continue.

«Malgré le fait qu'on sent une diminution dans le nombre de cas confirmés, il est important de ne pas baisser la garde», a rappelé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc.

D'autres cas sont à venir, a pour sa part insisté le Dr Alain Poirier. «Actuellement, ce sont des voyageurs qui ont ramené l'infection, mais on va sûrement avoir de la transmission. (...) On s'attend à ce qu'il y ait des cas et le jour où il y en aura, c'est autre chose qu'il faut mettre en place.»

Le plus récent bilan officiel de l'Organisation mondiale de la santé fait état de 1490 cas confirmés dans 21 pays.

Le Mexique compte désormais 822 cas confirmés, dont 29 décès, tandis que les autorités américaines rapportent 403 cas confirmés, dont deux décès. Le virus semble s'attaquer principalement à des jeunes, souvent dans la mi-vingtaine. «Peut-être parce que ce sont eux qui voyagent davantage», a dit le Dr Keiji Fukuda, numéro deux de l'OMS.

Les experts tentent maintenant d'évaluer la virulence que le virus pourrait prendre dans les prochains mois.

Chaque année, l'influenza saisonnière fait en effet de nombreuses victimes. Au Canada seulement, on rapporte entre 2000 et 8000 décès chaque année dus à des complications de la grippe.

La différence avec le virus de la grippe A (H1N1) est sa nouveauté. La population n'a donc pas développé d'immunité.

«Le virus a différents mécanismes pour changer son code génétique et c'est dû au hasard. Nous ne pouvons pas, de façon sûre et certaine, déterminer demain ce qui va arriver avec le virus. Le virus pourrait changer et être plus virulent, il pourrait rester identique ou il pourrait changer et être moins virulent», a expliqué Carl Gagnon, professeur au département de pathologie et de microbiologie de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.