Les autorités américaines se sont montrées prudemment optimistes dimanche face à l'épidémie de grippe porcine, tout en mettant en garde contre une combinaison du virus A(H1N1) avec celui de la grippe saisonnière à l'automne.

«Nous constatons des signes encourageants et nous en sommes tous très contents», a déclaré le directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Richard Besser, interrogé sur la chaîne de télévision ABC.

Dans leur bilan quotidien, les CDC ont fait état de 226 cas confirmés de grippe A(H1N1), soit 66 de plus que samedi. Plus de la moitié des Etats du pays sont désormais touchés, soit 30 sur 50, contre 21 la veille. Au Canada, le bilan est de 101 cas, avec 16 nouveaux cas, dont un premier au Manitoba, province du centre du pays jusqu'à présent épargnée par l'épidémie.

«Potentiellement, le virus circule maintenant dans tous les Etats-Unis», a commenté Anne Schuchat une responsable des CDC, «nous nous attendons à ce que d'autres Etats confirment la présence du virus dans les jours qui viennent».

Mais les autorités américaines s'employaient à rassurer la population au fil des émissions télévisées du dimanche.

«Il faut remettre les choses en perspective. La grippe saisonnière qui nous frappe chaque année tue 36.000 personnes» aux Etats-Unis, a ainsi observé le Dr Besser sur Fox. Dans le cas de la grippe porcine A(H1N1), «il est encourageant de constater que ce virus n'a pas l'air jusqu'à présent plus sévère qu'une souche de grippe saisonnière».

Il a toutefois averti sur CBS que le H1N1 allait «malheureusement faire davantage de morts». Un seul décès a jusqu'à présent été confirmé aux Etats-Unis, celui d'un enfant mexicain, le 27 avril.

 Dans la même émission, la secrétaire à la Santé Kathleen Sebelius a estimé que les dernières informations sur la maladie permettaient d'être «prudemment optimiste». Mais «nous ne pouvons en aucun cas nous permettre de relâcher nos efforts».

Mme Sebelius a relevé que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) «pourrait fort bien» passer cette semaine à son niveau d'alerte maximal et estimé que le monde était «déjà» en situation de pandémie.

 «Le danger serait que le virus revienne à l'automne. Il pourrait revenir sous une forme plus virulente», a averti la ministre, mettant en garde contre une combinaison du H1N1 avec le virus de la grippe saisonnière.

Mme Sebelius a indiqué que les autorités accéléraient la production du vaccin contre la grippe saisonnière et que les spécialistes travaillaient actuellement sur le H1N1 pour déterminer s'il convenait de produire un vaccin contre ce nouveau virus.

Le président Barack Obama et son homologue mexicain Felipe Calderon ont insisté dimanche sur la nécessité d'une coopération entre les deux pays, dans un long entretien téléphonique, selon la Maison Blanche.

De son côté, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a répété qu'il serait inutile de fermer la frontière avec le Mexique, le virus H1N1 se trouvant déjà sur le territoire américain.

Tandis que les Etats-Unis ont ordonné de fermer les écoles où sont détectés des cas de grippe porcine, Mme Napolitano s'est prononcée contre une telle mesure sur les lieux de travail.

 Le chef de la santé publique canadienne, le Dr David Butler-Jones, a pour sa part déclaré que la fermeture des écoles n'était pas nécessaire «pour le moment», soulignant que tous les cas relevés dans les sept provinces touchées sont «bénins».

Et alors que les autorités canadiennes ont annoncé samedi que des porcs avaient été contaminés par le virus H1N1, probablement par un charpentier s'étant rendu au Mexique, une première dans l'épidémie actuelle, les producteurs de porcs se faisaient rassurant dimanche.

Relativisant la contamination, ils s'inquiétaient par contre de ses conséquences sur leur industrie.