Les chercheurs américains espèrent parvenir à isoler le principe actif d'un futur vaccin contre la grippe porcine dès la mi-mai. Mais même si les recherches avancent, cela prendra plusieurs mois avant que les premières injections puissent commencer à être testées sur des volontaires.

«Nous travaillons ensemble à 100 à l'heure pour trouver une substance qui sera utile», a assuré à l'Associated Press le Dr Jesse Goodman, qui supervise les recherches sur la grippe porcine au sein de l'autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration. Les scientifiques utilisent des échantillons du nouveau virus de la grippe, prélevés sur des personnes malades au Mexique ou aux États-Unis.

«Nous sommes environ à un tiers du chemin» pour trouver le principe actif d'un futur vaccin, affirme le Dr Ruben Donis, des Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC). L'objectif est de réussir à isoler ce principe actif d'ici la deuxième semaine de mai, a-t-il précisé.

Pour accélérer les recherches, les CDC ont aussi envoyé un échantillon du nouveau virus à un laboratoire pharmaceutique, MedImmune, qui vend le seul vaccin contre la grippe administré par la voie nasale, grâce à un spray. MedImmune utilise une approche légèrement différente, souligne le Dr Donis.

Les médicaments antigrippaux standards sont efficaces contre le nouveau virus. Mais un vaccin permettrait de limiter le développement de cette souche et d'éviter une éventuelle pandémie.

À l'heure actuelle, les fabricants commencent tout juste à produire les vaccins destinés à combattre la grippe traditionnelle, pour l'hiver prochain. Lundi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) leur a demandé de poursuivre ce travail, sans les appeler à se lancer dans la course aux vaccins contre la grippe porcine dans l'immédiat.

Car pour réussir à produire un vaccin, les chercheurs doivent d'abord parvenir à multiplier les agents infectieux en très grand nombre. Traditionnellement, ce processus se déroule via une culture dans des oeufs de poules embryonnés. Mais le virus de la grippe porcine se développe trop lentement avec cette technique, utilisée par la grande majorité des laboratoires pharmaceutiques.

«Il y a un peu d'inquiétude à ce sujet», souligne le Dr Donis. Une grande part du travail des chercheurs porte donc sur ce processus.

Ensuite, les scientifiques devront sélectionner les souches portant les antigènes H et N, correspondants au virus de la grippe porcine, pour générer le principe actif et observer si le résultat génère une bonne réponse immunitaire.

C'est à cette condition seulement que les fabricants de vaccins pourront démarrer leur propre production, qui pourrait prendre encore deux mois. «Cela vaut la peine de prendre ce temps au tout début pour vraiment s'assurer d'obtenir exactement le résultat souhaité», explique une responsable de MedImmune, le Dr Kathleen Coelingh.

Par ailleurs, la question de la prévention de la maladie via un système d'alerte utilisant Internet intéresse les autorités américaines. Plusieurs semaines avant que l'OMS avertisse le grand public des cas de grippe porcine, une jeune entreprise basée près de Seattle avait déjà observé le début de l'épidémie.

Veratect, une société de moins de 50 salariés, collecte des informations sur Internet et les analyse. L'entreprise suit des milliers d'événements chaque mois, les classe en fonction de leur gravité et les affiche sur un portail à destination de ses clients.

Veratect affirme ainsi avoir posté le 6 avril un article sur un nombre inhabituel de maladies respiratoires dans l'État mexicain de Veracruz, puis avoir envoyé un courriel le 16 avril aux CDC concernant le développement atypique de pneumonies dans l'État d'Oaxaca.

Les experts de la santé publique soulignent qu'il est impossible de tirer des conclusions fermes de ces outils en ligne. Mais le Dr Scott Dowell, responsable de l'équipe chargée de la grippe porcine au sein du CDC, confirme que l'organisme lit les rapports de Veratect, estimant qu'ils peuvent être utiles et très sensibles à l'émergence de nouvelles maladies.