Les Alouettes ont connu une saison extraordinaire, couronnée par une conquête de la Coupe Grey des plus spectaculaires qui s'assurera sans aucun doute une place de choix dans l'histoire du football canadien. Au fil du temps, de grands joueurs ont foulé le terrain dans l'uniforme du club montréalais. Mais l'équipe 2009 est résolument dans une classe à part.

Pour être parfaitement honnête, je ne me souviens pas d'avoir vu jouer les Alouettes des années 70.

Mais si on y va par déduction, il devient assez évident que l'équipe de 2009 est la meilleure de l'histoire de l'organisation montréalaise.

Premièrement, l'équipe des Sam Etcheverry, Peter Dalla Riva et compagnie n'a pas participé à sept matchs de la Coupe Grey en une décennie comme vient de le faire celle des années 2000.

Et de ces sept formations qui ont participé au grand match depuis le tournant du millénaire, il n'y a aucun doute que c'est celle qui a quitté l'Alberta avec le précieux trophée, hier, qui est la meilleure.

Sa fiche de 15-3 en saison régulière - un sommet pour l'organisation - est là pour le prouver, de même que la rince que l'équipe a servie aux Lions de la Colombie-Britannique en finale de l'Est, et sa dramatique victoire signée en grande finale.

En amassant 200 verges de gains et deux touchés dans les 30 dernières minutes du match ultime, Anthony Calvillo a assuré sa place dans le groupe des meilleurs quarts-arrières de l'histoire de la LCF. Sept matchs de championnat, dont deux victoires, c'est un dossier qui fait sûrement des jaloux dans la confrérie des quarts.

Et on ne parle même pas de la panoplie de records qu'il détient ou détiendra au terme de sa carrière.

Ben Cahoon a démontré pendant la première demie (surtout) - alors qu'il n'y avait pas grand-chose qui fonctionnait - qu'il demeurait l'une des cibles les plus sûres du circuit canadien, même à la mi-trentaine.

Volubile pendant toute la semaine qui a précédé le match contre les Roughriders, Jamel Richardson a échappé les premières passes qui ont été lancées dans sa direction, dimanche, mais il s'est ressaisi de brillante façon, multipliant les attrapés-clés. Avec Kerry Watkins et Brian Bratton pour compléter Richardson et Cahoon, le quatuor de receveurs réguliers des Alouettes est le meilleur de la LCF et certainement l'un des meilleurs qu'on ait vus à Montréal - et il y en a eu des bons...

L'arrivée des plaqueurs Josh Bourke et Jeff Perrett a solidifié une ligne à l'attaque qui avait perdu quelques plumes après avoir été dominante au cours de la première moitié de la décennie. Bryan Chiu, Scott Flory et Paul Lambert forment un très bon trio de vétérans à l'intérieur et offrent une belle source de leadership.

Puis, il y a Avon Cobourne, un porteur de ballon de 5'8 qui a le coeur gros comme le Stade olympique. Sans sa ténacité en deuxième demie, dimanche, l'équipe de Marc Trestman ne serait peut-être jamais revenue dans le coup.

Mike Pringle était peut-être un meilleur coureur que Cobourne (peut-être), mais ce dernier sert la cause de bien des façons: courses, passes, protection contre le blitz et attitude.

Cobourne est l'un de ceux qui a secoué les troupes pendant la mi-temps - alors qu'elles en avaient grandement besoin. Au sein d'une équipe qui est composée de plusieurs joueurs qu'on qualifierait de «tranquilles», Cobourne ajoute du «feu». Et un club de football a toujours besoin de ce type de joueurs.

Une défense dominante

La ligne défensive a été dominante pendant toute la saison, en raison de la pression qu'exerçaient les Anwar Stewart, John Bowman et Keron Williams, et parce qu'Eric Wilson s'est développé comme l'un des meilleurs plaqueurs de la ligue contre la course.

Chip Cox et le poste de secondeur du côté large étaient faits l'un pour l'autre; Shea Emry est un joueur étoile en puissance; et Diamond Ferri et Ramon Guzman sont des secondeurs solides, qui contribuent autant physiquement qu'émotivement.

Les deux interceptions des Alouettes ont été réussies par deux recrues, dimanche. Embauchés par Jim Popp pendant la saison morte, Jerald Brown et Billy Parker ont grandement amélioré la tertiaire, qui comptait déjà sur l'un des joueurs les plus mésestimés de la LCF - Mark Estelle -, sur un demi de coin qui réussit encore à faire le boulot grâce à son jeu instinctif - Davis Sanchez - et sur nos deux Québécois, Matthieu Proulx et Étienne Boulay, qui continuent de grandir en tant que joueurs.

Proulx possède toutes les qualités recherchées chez un leader. Boulay, lui, a sauvé le match en récupérant le ballon qu'avait échappé Bratton lors du botté de dégagement des Riders qui a précédé la poussée victorieuse des Alouettes. «Une seconde qui m'a paru une éternité», a-t-il dit.

Les unités spéciales ont probablement constitué le maillon faible de l'équipe cette saison, mais ses deux principaux artisans, Damon Duval et Larry Taylor, ont obtenu leurs places sur l'équipe d'Étoiles, alors...

Duval a racheté une soirée difficile en réussissant ce fameux placement dans la dernière seconde de jeu, à un moment où il avait la pression de ces cinq défaites au match de la Coupe Grey sur les épaules. Pas si simple.

Puis, il y a Marc Trestman, un entraîneur-chef qui a su imposer sa vision dès son arrivée à Montréal. S'il devait quitter les Alouettes pour la NFL, c'est avec tristesse qu'il serait salué.

Enfin, un mot sur Jim Popp, qui a encaissé sa part de claques au cours des dernières saisons. Le DG a ses défauts comme tout le monde, mais est un évaluateur de talent remarquable - et foncièrement une très bonne personne, généreuse.

Est-ce la meilleure équipe de l'histoire des Alouettes? À mon humble avis, il n'y a pas le moindre doute.