Au lendemain de leur spectaculaire victoire de 28-27 aux dépens des Roughriders de la Saskatchewan, lors du 97e match de la Coupe Grey, les Alouettes de Montréal ont posé leurs pattes sur le tarmac de l'aéroport Montréal-Trudeau vers 17h15, lundi.

S'ils étaient présents de corps, leurs têtes, elles, étaient toujours dans les nuages.

Parmi ceux qui ne réalisaient toujours pas ce qui leur arrivait se retrouvaient d'abord et avant tout Matthieu Proulx et Étienne Boulay. Les Québécois, qui ont savouré leur premier championnat en carrière dans la LCF, ont craint pendant quelques instants de revivre le cauchemar de l'année dernière.

«J'ai rarement vu ça, une équipe capable de compléter la remontée même si c'était 27-11 et qu'il restait seulement 13 minutes au cadran, a dit Proulx. La dernière minute a été complètement folle. Je ne peux juste pas le croire.»

Son coéquipier, le maraudeur Boulay, se rappellera longuement de l'échappé commis par Brian Bratton qu'il a récupéré, dans les derniers instants de la rencontre.

«Je repasse cette séquence dans ma tête aux deux minutes depuis hier (dimanche), a commenté Boulay en riant. Je savais que si nous perdions la possession du ballon, nos chances de l'emporter s'évanouissaient. Je n'ai pas réfléchi, j'ai simplement sauté sur le ballon.»

Un autre qui était soulagé, c'était le quart Anthony Calvillo. Il a fait son entrée en premier, sous les applaudissements nourris des quelques centaines de partisans venus célébrer la victoire de leurs favoris, en soulevant le précieux trophée bien haut au-dessus de sa tête.

Calvillo a finalement mis un terme à sa longue série noire - cinq défaites à la Coupe Grey depuis 2000, une séquence interrompue par une seule et unique victoire en 2002 - il a dit que s'il pouvait changer une seule chose à sa performance, ce serait d'aborder le match sans sous-estimer l'impact de la foule.

«La foule était très bruyante, et cela m'a causé beaucoup d'ennuis lors de la première demie. Nous savions que nous ne jouions pas à la hauteur de notre potentiel, mais j'étais certain que nous pouvions effectuer une remontée.

«Lorsque j'ai vu la pénalité aux Roughriders sur le placement raté de (Damon) Duval, je savais que c'était le destin, a-t-il continué. Je vais sans doute regarder la séquence à la télé au cours des prochains jours, et repasser le fil des événements dans ma tête.»

Contrairement à la majorité de ses joueurs, l'entraîneur-chef des Alouettes, Marc Trestman, a paru stoïque quelques heures après cette victoire historique. Calme et posé - comme à l'habitude - Trestman a indiqué qu'il avait simplement tenté de réagir du mieux qu'il le pouvait dans les circonstances, lors des 40 dernières secondes du match.

«Tout s'est passé tellement rapidement. Vous essayez de faire de votre mieux, et les gars ont complété le boulot. Je suis fier de ce qu'ils ont accompli», a résumé Trestman, qui s'accordera quelques jours de congé en famille avant de prendre un bain de foule lors de la parade des champions, mercredi.

Le chant du cygne pour Chiu?

Plusieurs vétérans de l'équipe, dont Calvillo, Ben Cahoon, Bryan Chiu, pourraient bientôt prendre leur retraite. Toutefois, ils sont tous demeurés flous sur leurs projets d'avenir.

Calvillo, qui a présentement 37 ans, a refusé de s'avancer sur son avenir immédiat, bien qu'il ait déclaré quelques instants après le match sur les ondes de CKAC qu'il y avait «de hautes probabilités» qu'il revienne la saison prochaine.

Chiu, son coéquipier de longue date, pourrait également avoir fait son chant du cygne, dimanche soir. Les partisans venus accueillir les Oiseaux ont cependant scandé spontanément en coeur «One more year! One more year!» lorsqu'ils ont vu le joueur originaire de Vancouver défiler devant eux.

«Je dois d'abord en parler à ma femme et aux membres de ma famille», a répliqué Chiu avec un sourire moqueur aux partisans de l'équipe.

Dans les heures qui ont suivi le triomphe des Oiseaux, le propriétaire Robert Wettenhall a convié tous les membres de l'organisation, leurs familles et leurs proches compris, à une grande fête. Si certains ont festoyé jusqu'aux petites heures du matin - l'entraîneur Trestman aurait effectué quelques pas de danse - d'autres l'ont trouvé moins drôle au moment de prendre l'avion pour Montréal.

«Je suis monté à ma chambre vers 2h30, et nous devions être à l'aéroport pour 5h30, a expliqué en rigolant le président des Alouettes, Larry Smith. Le petit Larry a trouvé le match exténuant, et j'aurai sans doute besoin de quelques pilules pour demeurer éveillé jusqu'à ce soir.»

Photo: André Pichette, La Presse

Le quart Anthony Calvillo a signé des autographes.