Martine Aubry est convoquée mardi chez la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui pourrait la mettre en examen pour homicides involontaires dans une des enquêtes sur l'amiante, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

La magistrate s'intéresse notamment à la réponse des pouvoirs publics face à l'amiante dans les années 1970-80, et l'ancienne patronne du Parti socialiste sera entendue pour son action à la tête de la Direction des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987.

Anticipant l'éventualité d'une mise en examen, Mme Aubry a d'ores et déjà riposté mercredi en annonçant qu'elle demanderait le cas échéant l'annulation de cette mise en examen, estimant avoir oeuvré tout au long de sa carrière à la protection des salariés.

Cette annonce est intervenue dans un communiqué signé de son avocat et de ceux de deux autres hauts fonctionnaires mis en cause dans cette affaire : Olivier Dutheillet de Lamothe, qui avait succédé à Mme Aubry à la DRT jusqu'en 1995, et Jean-François Girard, qui fut directeur général de la Santé de 1986 à 1997 et a récemment été mis en examen.

«Ils souhaitent que toute la lumière soit faite pour que la justice puisse comprendre comment s'est produit ce drame mondial, afin d'en tirer toutes les conséquences en termes de recherche et d'organisation du système de protection de la santé au travail, pour éviter qu'une telle tragédie puisse se reproduire», ont déclaré dans ce communiqué Mes Yves Baudelot, Christian Charrière-Bournazel et Marie-Laure Barré.

«Mais leurs avocats sont stupéfaits de voir que ceux qui ont consacré la plus grande partie de leur vie à protéger les droits de nos concitoyens soient mis en examen ou susceptibles de l'être, et non entendus comme témoins», ont-ils ajouté.

Utilisée massivement, en particulier dans le secteur de la construction, l'amiante est jugée responsable de 10 à 20 % des cancers du poumon et pourrait provoquer 100 000 décès d'ici à 2025, selon les autorités sanitaires.