Le Nouveau Parti démocratique (NPD) veut profiter du malaise qui règne parmi des troupes conservatrices dans le dossier de l'amiante pour contraindre le gouvernement Harper à entreprendre les démarches afin d'inscrire ce produit sur la liste des substances dangereuses de la convention de Rotterdam.

L'annonce, il y a trois semaines, du ministre de l'Industrie Christian Paradis selon laquelle le Canada cesserait de s'opposer à l'inscription de l'amiante chrysotile sur la liste des produits chimiques dangereux, comme il l'a fait à trois reprises par le passé, est vue comme une demi-victoire pour le NPD, qui milite depuis plusieurs années pour interdire l'exportation de ce produit.

Un «petit bout de chemin»

L'objectif du NPD est de forcer la main du gouvernement Harper sur la scène internationale. Le député néo-démocrate François Lapointe a déposé une motion en ce sens à la Chambre des communes jeudi dernier. Cette motion, qui demande aussi à Ottawa de soumettre un plan de reconversion industrielle pour les communautés touchées dans un délai de 12 mois, sera mise aux voix plus tard cet automne.

L'an dernier, plusieurs députés conservateurs avaient exprimé leur malaise devant l'appui qu'accordait le gouvernement Harper à l'industrie de l'amiante, un minerai qu'on trouve dans la région que représente le ministre Paradis aux Communes.

D'abord, une dizaine de députés conservateurs avaient organisé en novembre 2011 une rencontre privée avec des experts afin d'obtenir plus d'information sur cette industrie controversée.

Ensuite, cinq députés conservateurs, également en novembre 2011, s'étaient abstenus de voter contre une motion du NPD visant à interdire les exportations de l'amiante canadien.

En changeant son fusil d'épaule, le mois dernier, le ministre Paradis avait affirmé que cette décision avait été rendue inévitable dans la foulée de l'élection du Parti québécois aux élections du 4 septembre. En campagne électorale, Pauline Marois avait promis d'interdire l'exportation de ce produit.

«Nous avons besoin de l'appui d'une majorité de députés à la Chambre des communes pour amener le ministre de l'Industrie à faire le petit bout de chemin qu'il manque. [...] Si le Canada devait, lors de la prochaine ronde de discussions sur la convention de Rotterdam, se contenter de se taire ou de laisser un autre pays faire avorter les discussions, l'image du Canada serait encore assombrie», a affirmé le député François Lapointe jeudi dernier, en expliquant le bien-fondé de sa motion.

Durant le même débat, le ministre Paradis n'a pas indiqué si le gouvernement Harper compte militer en faveur de l'inscription de l'amiante sur la liste des produits dangereux. Il a toutefois vertement critiqué le NPD qui, selon lui, «veut tout simplement mettre la clé sous la porte de tout ce qui s'appelle projets d'exploitation de ressources naturelles».

Une minute de silence

En fin de semaine, des proches de victimes de l'amiante de la Belgique et de la France se sont rendus à Asbestos pour visiter la mine, qu'ils jugent responsable de la mort d'un être cher.

Le président de l'Association belge des victimes de l'amiante, Éric Jonckheere, et son collègue français Alain Bobbio ont tenu à faire cette visite afin d'y déposer des fleurs, observer une minute de silence et encourager cette région à abandonner cette industrie.

«Dans nos deux pays, l'amiante a été importé par millions de tonnes. Une grande partie venait du Québec. Dans nos deux pays, l'amiante est interdit depuis longtemps, mais des milliers d'hommes et de femmes continuent à mourir, année après année, d'une maladie de l'amiante», a soutenu M. Jonckeere, qui a perdu son père, sa mère et ses deux frères atteints de mésothéliomes.