Alors que Jean Charest continue de défendre la relance de la mine Jeffrey, l'Union internationale contre le cancer a adopté cette semaine à Montréal une résolution demandant la fin de l'exploitation, du commerce et de l'utilisation de l'amiante sur toute la planète. La résolution a été adoptée au Congrès mondial sur le cancer, qui a pris fin hier.    

«Il y a eu une onde de choc dans le monde du cancer quand on a appris qu'un pays développé comme le Canada avait décidé d'appuyer financièrement la réouverture d'une mine d'amiante», a affirmé Terry Slevin, porte-parole du congrès, en entrevue avec La Presse.

«Beaucoup de participants au Congrès ont exprimé leur incrédulité en prenant conscience de cela, a dit M. Slevin. C'est choquant pour la plupart des gens de constater un geste aussi délibéré pour exporter l'amiante principalement vers des pays en développement.»

Le Congrès a été l'occasion de confirmer une fois de plus la toxicité de toutes les formes d'amiante, a précisé M. Slevin.

«Selon une recherche présentée ici mardi, on dénombre 92 253 décès par mésothéliome dans 83 pays de 1994 à 2008, dit-il. Et selon une autre étude, pour chaque cas de mésothéliome, il y a environ 1,8 décès/cas de cancer du poumon. Alors on peut dire que pour ces deux types de cancer, on approche des 300 000 morts.»

M. Slevin, qui est directeur de l'enseignement et de la recherche pour la prévention du cancer en Australie-Occidentale, soutient que l'industrie de l'amiante va continuer d'empoisonner des milliers de personnes, en dépit des précautions qu'elle dit vouloir faire respecter dans les usines à l'étranger.

«C'est triste, mais l'histoire de l'amiante dans le monde montre que les gens y sont exposés et que cela entraîne des risques pour la santé, dit-il. Nous continuons de subir ce fardeau et celui-ci est de plus en plus lourd dans les pays en développement.»

«Ce fardeau demeure présent tant que l'amiante est là et pour les 30 ou 40 années qui suivent», dit-il.

«Et les cancers causés par l'amiante offrent un pronostic très mauvais, peu importe où on se trouve, ajoute-t-il. Ce sont des maladies difficiles à traiter.»

C'est pour cette raison que l'UICC opte résolument pour la prévention et demande cette année pour la première fois le bannissement de l'amiante, en concluant que tous les types d'amiante sont cancérigènes.

L'organisme fondé en 1933 demande aux pays exportateurs d'amiante de «cesser l'extraction, l'utilisation et l'exportation de l'amiante et de fournir de l'aide à la transition à leurs régions productrices d'amiante».