Les travailleurs de l'amiante ont un «risque significativement accru» de mourir d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC), selon les résultats d'une étude britannique parue mardi.

«La mortalité par AVC et par cardiopathies coronariennes (principalement l'infarctus du myocarde, NDLR) est significativement plus élevée pour les travailleurs de l'amiante que pour la population générale», expliquent des chercheurs du Health and Safety Laboratory (HSL), un laboratoire public britannique spécialisé dans la santé au travail.

On connaissait jusqu'à présent les effets néfastes sur les poumons de l'inhalation des fibres d'amiante, un matériau isolant, résistant et bon marché très utilisé jusqu'aux années 90 et que l'UE a définitivement banni en 2005.

Elles provoquent des cancers du poumon (cancer bronchopulmonaire), de la plèvre et du péritoine (mésothéliome malin), ainsi que des pathologies pulmonaires non cancéreuses: fibroses et asbestose.

Mais «la question de savoir si l'amiante est un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires n'a pas été établie» même si l'amiante est connue comme «agent inflammatoire» et on sait les processus inflammatoires impliqués dans les maladies cardiovasculaires, expliquent les chercheurs dans leur article.

L'étude a porté sur l'analyse du suivi médical, entre 1971 et 2005, de 98 912 personnes (94 403 hommes et 4509 femmes) ayant travaillé au contact de l'amiante, soit pour des travaux de désamiantage, soit dans l'industrie.

À noter que plus de la moitié de ces employés étaient des fumeurs (58% pour les hommes et 52% pour les femmes au début de l'étude).

Au total 15 557 personnes sont mortes entre 1971 et 2005, toutes causes confondues, dont 1053 d'un AVC et 4185 d'un infarctus, selon l'article publié dans Occupational and environmental medicine, une revue spécialisée dépendant du British Medical Journal (BMJ).

«En s'appuyant sur les taux de mortalité standardisés, ces travailleurs de l'amiante avaient nettement plus de chance de mourir d'une maladie cardiovasculaire que la population générale, même en prenant en compte les risques accrus associés à la cigarette», souligne le BMJ dans une présentation de l'article.

«Les travailleurs de l'amiante masculins avaient 63% de risques supplémentaires de mourir d'un AVC et 39% de risques supplémentaires de mourir d'une crise cardiaque», souligne le BMJ. Pour les femmes, les risques supplémentaires étaient, respectivement, de 100% et 89%.

En outre «des indices montrent que plus l'exposition à l'amiante était prolongée, plus le risque de mourir d'une maladie du coeur était grand, même en prenant en compte le tabac», ajoute le BMJ.