En dépit du fait que l'amiante chrysotile soit cancérigène dans une moindre mesure, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) conclut que l'amiante est cancérigène sous «toutes ses formes».

«L'amiante cause le mésothéliome et le cancer du poumon, du larynx et des ovaires», conclut le CIRC dans une revue complète de la recherche scientifique, publiée à la fin de 2011 et passée inaperçue.

Le CIRC observe aussi des «associations positives» entre l'exposition à l'amiante et d'autres cancers (du pharynx, de l'estomac et colorectal).

Le CIRC est un organisme de recherche indépendant affilié à l'Organisation mondiale de la santé.

La précédente mise à jour du genre datait de 1987. Le CIRC affirme que, dans l'intervalle, «la recherche épidémiologique sur l'amiante a été considérable».

«L'association entre l'exposition à l'amiante et le cancer du poumon ainsi que le mésothéliome a été bien établie dans de nombreuses enquêtes épidémiologiques», affirme le CIRC.

L'organisme examine entre autres les recherches menées par le professeur J.C. MacDonald, anciennement de l'Université McGill, dont le travail a été remis en question par une enquête de la CBC diffusée il y a deux semaines. McGill a décidé de passer le travail du Dr MacDonald en revue.

Une analyse de 15 études

Une de ses recherches tendait à démontrer que les mineurs exposés à l'amiante chrysotile au Québec souffraient de presque 100 fois moins de cancer que des travailleurs dans une usine en Caroline-du-Sud qui importait son amiante du Québec.

Mais selon une analyse de 15 études différentes menée en 2008, les différences apparues dans l'étude du Dr MacDonald demeurent un cas isolé et inexpliqué.

«Les raisons pour cette hétérogénéité demeurent inconnues et jusqu'à ce qu'elles soient expliquées, il n'est pas possible de tirer des conclusions fermes au sujet du potentiel [cancérigène] relatif du chrysotile et des amphiboles», conclut le CIRC.

Toujours en ce qui concerne le cancer du poumon, le CIRC affirme qu'on ne peut conclure de manière fiable que la longueur des fibres influence le potentiel cancérigène de l'amiante. Le chrysotile a des fibres plus courtes que les autres types d'amiante, qu'on appelle amphiboles. Toutefois, dit le CIRC, on peut soupçonner, sur la base d'expériences en laboratoire, que les fibres longues et fines sont plus cancérigènes que les fibres courtes et épaisses.

Pour ce qui est du mésothéliome, une forme de cancer plus rare, toujours fatal et dont on ne connaît d'autre cause que l'amiante, le portrait est plus compliqué.

«Même si toutes les formes d'amiante peuvent causer le mésothéliome, il y a des preuves considérables que le potentiel d'induire le mésothéliome varie selon le type de fibre, et en particulier que l'amiante chrysotile a moins de potentiel que les formes amphiboles de l'amiante», affirme le CIRC.

Cependant, les recherches sur le potentiel cancérigène relatif des types d'amiante souffrent d'un «haut degré d'incertitude».

Le CIRC croit en outre que certaines recherches ont sous-estimé le potentiel cancérigène du chrysotile. Entre autres, une étude publiée en 2009 sur cette même usine de Caroline-du-Sud montre que les travailleurs souffrent d'un «excès relativement grand» de mésothéliome.  Une autre étude publiée en 2009 indique que «le risque de mésothéliome a été sérieusement sous-estimé» pour un groupe de personnes exposées à l'amiante chrysotile de la mine de Balangero, en Italie.

À consulter: le chapitre sur l'amiante dans la plus récente monographie du CIRC