Pendant une manche et demie, Juan Martin Del Potro a cru que son rêve était devenu un cauchemar et qu'il allait subir une raclée face à Roger Federer pour sa première finale de Grand Chelem.

Mais le géant argentin s'est accroché. Il a retrouvé confiance en son coup droit terrifiant et s'est mis à infliger au champion suisse un rythme si soutenu que c'est plutôt Federer qui a craqué.

Achevant de conquérir un public new-yorkais qu'il avait charmé depuis deux semaines, Del Potro s'est offert à 20 ans le premier grand titre de sa carrière en triomphant 3-6, 7-6 (5), 4-6, 7-6 (4) et 6-2. La finale de plus de quatre heures a été la plus longue des Internationaux des États-Unis depuis 1999, une façon appropriée de conclure un tournoi retardé par la pluie.

«Remporter ce tournoi ici, face à un grand champion comme Roger, c'est le plus beau jour de ma vie, a déclaré le champion pendant le cérémonie d'après-match. Je n'ai pas de mots pour dire comment je me sens d'être ici. Je n'oublierai jamais ce moment.»

Del Potro, qui a touché un chèque de 1,85 million pour sa victoire, est seulement le deuxième Sud-Américain champion à New York après son compatriote Guillermo Villas en 1977. Il est aussi le premier non-Européen à remporter un titre majeur depuis 2005, quand son compatriote Gaston Gaudio avait triomphé à Roland-Garros.

S'adressant en espagnol au public et à ses compatriotes, il a insisté: «C'est grâce à vous tous si je suis ici. Merci, du fond du coeur», avant d'éclater en sanglots.

Federer serein

Évoluant très loin de son niveau habituel, multipliant les fautes aussi bien au coup droit qu'au revers, Roger Federer a montré que même les plus grands champions pouvaient perdre et que les rois pouvaient être bons princes.

Le Suisse a accepté le résultat avec beaucoup de classe et une grande sérénité. Invité à prononcer le discours du finaliste, il a déclaré: «Je peux faire cela aussi, pas de problème! J'ai connu un bon tournoi, mais il a été fantastique. Juan Martin était le meilleur cette semaine et mérite son titre.»

Préférant revenir sur le passé, Federer a rappelé: «Je n'aurais jamais cru remporter ce tournoi cinq années de suite. Si on m'avait dit il y a six ans que j'allais enchaîner 40 victoires, je ne l'aurais jamais cru. Je remercie toute mon équipe, qui était déjà avec moi bien avant que je commence à gagner.»

Souvent malmené par les coups de massue de Del Potro, contrarié par des décisions douteuses des juges, Federer a commis pas moins de 11 doubles fautes et gâché 17 des 22 balles de bris que Del Potro lui a offertes. Le Suisse est quand même venu à seulement deux points de la victoire en quatrième manche.

Il pourra maintenant se consoler en pensant qu'il a franchi, hier, avec les 800 000 $ du finaliste la marque des 50 millions de bourses en carrière.

Serena Williams s'excuse

Serena Williams a diffusé un deuxième communiqué pour «s'excuser sincèrement» de ce qu'elle a appelé sa «crise de colère déplacée» aux Internationaux des États-Unis. Williams s'est excusée auprès de la juge de lignes, de son adversaire Kim Clijsters, de la U.S. Tennis Association et des amateurs de tennis.

Ces excuses ont été faites hier, 36 heures après une longue tirade remplie d'obscénités à l'endroit de la juge de lignes qui l'a pénalisée d'une faute de pied vers la fin de son match de demi-finale perdu contre Clijsters, samedi soir. Williams a écopé une amende de 10 000 $ et d'autres sanctions pourraient suivre.

Entre-temps, elle a remporté, hier, la finale du double avec sa soeur Venus. Elles ont défait les favorites Cara Black et Liesel Huber, 6-2, 6-2.