Méconnue il y a encore dix jours, l'adolescente américaine Melanie Oudin est devenue la coqueluche du public des Internationaux des États-Unis, en raison de son jeu empreint d'audace et de détermination qui pourrait faire d'elle la nouvelle étoile du tennis féminin des États-Unis.

Cette petite blonde qui fêtera ses 18 ans le 23 septembre est en passe de voler la vedette aux soeurs Williams, Venus et Serena, qui trônaient jusque-là sans partage sur ce sport dans ce pays.

Elle est la plus jeune Américaine à atteindre les quarts de finale de Flushing Meadows depuis Serena en 1999.

Depuis son arrivée dans la «Grosse Pomme», Oudin est également devenue la bête noire des joueuses russes. La native de Marietta (Georgie) s'est en effet offerte coup sur coup Anastasia Pavlychenkova, Elena Dementieva (N.4), Maria Sharapova (N.29) et Nadia Petrova (N.13), lundi.

Comme ses premiers succès, cette dernière victoire a été acquise à la force d'un mental inoxydable. Balayée 6-1 au premier set, l'ex numéro 2 mondiale juniors est revenue dans le match en force, en remportant notamment la deuxième manche à la faveur d'un bris d'égalité de haute voltige.

«Mentalement, je reste avec mon adversaire tout le match, je lui fais savoir que je suis là et que si elle veut gagner, il va falloir qu'elle se batte car moi je vais rester sur le terrain», décrit Oudin, qui a pour idole la Belge Justine Henin, dont elle partage le gabarit.

Même son entraîneur, Brian de Villiers, le souligne: «Elle a une mentalité très agressive pour une joueuse de son âge». Sur les 21 matches qu'elle a disputés en trois sets cette saison, elle a ainsi été victorieuse 17 fois.

«Elle n'arrête jamais de se battre. En faisant ça, elle arrive toujours à donner le meilleur d'elle-même», déclarait récemment au New York Times Ola Malmqvist, responsable du développement du tennis féminin à la Fédération américaine.

Cette détermination de fer, la droitière l'a faite graver sur le talon de ses chaussures rose, jaune et noir avec le mot «Believe» (croire).

«Je crois en moi-même et en mon jeu», explique-t-elle. Une devise devenue emblématique, tout comme ses «Come on !» (allez !), lancés de temps à autre, notamment lorsque son adversaire commet des fautes.

«Elle bouge remarquablement bien sur le court, tu crois que tu as fais un beau coup mais elle chasse la balle et te la renvoie sans arrêt. C'est dur de faire un coup gagnant contre elle», juge la malheureuse Petrova.

Car en plus de son acharnement, la jeune américaine est rapide sur le court et possède une audace prononcée, tentant des coups osés, tel ce lob spectaculaire sur la ligne de fond contre Petrova.

Avec son mètre 68, «elle sait bien qu'elle ne va pas avoir la puissance des joueuses d'1,80 m, ni un gros service pour l'aider quand elle est en difficulté, dit à l'AFP son entraîneur. Elle compense donc avec sa vitesse de pieds, afin de neutraliser ses adversaires.»

Désormais catapultée au rang de vedette américaine, cette arrière petite-fille d'un immigrant français, affiche encore une candeur et une décontraction frappantes... mais pas surprenantes.

«Quand elle avait 12 ans, je l'ai emmenée ici (à l'US Open) pour qu'elle se fasse une idée de l'endroit et pour qu'elle comprenne pourquoi on s'entraînait si durement... Dans son esprit, cela fait des années qu'elle se prépare pour ce genre d'événement», confie son entraîneur Brian De Villiers.

«Je sais que je peux affronter les meilleures du monde», lance Oudin, avant d'ajouter, souriante mais sérieuse: «Maintenant, c'est sûr.»