En 1671, le gouverneur de la colonie établie en Virginie, Sir William Berkeley, déclarait dans un rapport:

«Grâces en soient rendues à Dieu, nous n'avons ici ni écoles gratuites, ni imprimerie, et j'espère que nous n'en aurons point d'ici cent ans; car l'instruction a mis au monde l'indocilité, les hérésies et les sectes, et l'imprimerie a propagé, avec tous ces maux, les attaques contre les gouvernements.»

- Cyrille Felteau, Histoire de La Presse, tome 1; 1983, Éditions La Presse

1884 à 1900





Le précurseur

Henri Julien est le véritable premier caricaturiste au Québec. Il est important de signaler son apport même s'il n'oeuvre pas à La Presse, - il était directeur artistique du Montreal Star - ses illustrations sont souvent reproduites dans le journal, mais, surtout, il est le précurseur des nombreux illustrateurs qui oeuvreront au journal.

Illustration d'Henri Julien sur les célébrations du Nouvel an publiée le 30 décembre 1922 sur une double page de La Presse.

1884

Première parution de La Presse

La première parution de La Presse est survenue le 10 octobre 1884. Le journal ne comptait que quatre pages exemptes d'illustrations, ne serait-ce que pour quelques publicités.

Les pages étaient séparées en neuf colonnes et comportaient une multitude de titres, limités à une seule colonne.

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Achat de la presse Marinoni

La jeune existence du quotidien allait connaître un grand bouleversement dès la fin de 1884 en raison de l'acquisition d'une presse Marinoni, «la plus belle et la plus parfaite du continent. New York, Boston et Chicago n'en possèdent pas une aussi perfectionnée». (La Presse, 17 novembre 1884)

Dès 1885, le tirage de La Presse passe donc de 7000 à 12 000 exemplaires par jour. En 1906, autre achat important, une presse américaine de marque Goss, qui permet d'augmenter le tirage à 100 000 exemplaires seulement 22 ans après sa naissance.

La «merveilleuse» presse Marinoni

Les premières illustrations

Dès 1889, les journaux ont commencé à publier leurs premières illustrations, des gravures au zinc.

Celles de La Presse étaient réalisées par M. Smeaton, l'un des premiers graveurs montréalais.

C'est autour de 1890 que les textes ont commencé à laisser  de plus en plus de place aux illustrations, leur conférant des allures de «magazines».

Les dessins étaient gravés sur bois. Comme ce procédé était laborieux et coûteux, on ne comptait au début qu'une ou deux illustrations par semaine dans un journal.





Cette illustration de Georges Latour publiée en 1934 dans l'édition du 50e anniversaire de La Presse monte l'évolution des procédés d'impression du journal.

5 juillet 1892

Parution de la première nouvelle illustrée par Albert-Samuel Brodeur, premier dessinateur engagé par le journal. Illustrateur très talentueux, il deviendra directeur artistique du journal en 1903.

Un outil de marketing

Comme le rappelle l'ancien journaliste, Cyrille Felteau, l'illustration allait servir très vite au quotidien pour attirer le regard des lecteurs de l'époque :

«L'un des principaux facteurs de la faveur populaire dont jouissait La Presse à ses débuts, sous le règne de Trefflé Berthiaume, réside sans aucun doute dans le recours hâtif et généralisé à l'illustration des nouvelles dans les pages du journal, une bonne dizaine d'années, sinon plus, avant l'utilisation massive de la photogravure. Dès 1891, La Presse requit les services d'un artiste-dessinateur (A.-S. Brodeur) dont la principale fonction consistait, jour après jour, à produire des dessins pour illustrer les faits divers et, de façon générale, les principales manifestations de l'actualité.



La photographie existait depuis plus d'un demi-siècle, on le sait, mais la technique de la photogravure n'était pas encore assez avancée pour permettre la reproduction directe des photos sur papier journal. Les journaux assez importants devaient donc requérir les services d'artistes-dessinateurs qui reprenaient à la plume les photos qui, de ce fait, pouvaient être reproduites dans le journal.»

(Cyrille Felteau, Histoire de La Presse, tome 1)

Le 9 février 1904 les Québécois apprennent le début des hotilités qui conduiront à la Première guerre mondiale. L'importante nouvelle prend toute la une. Le titre est fort et les sous-titres explicites. l'illustration est dramatique et prend la moitié de cette grande page.