L'illustre histoire illustrée de La Presse

La Presse a eu 125 ans l'an dernier. Voilà une occasion en or pour se pencher sur le travail d'artisans de l'information qui, bien que travaillant souvent dans l'ombre de leurs collègues journalistes, ont fait, dans l'histoire, plus régulièrement la une, et, en couleurs svp!

D'Albert-Samuel Brodeur à Francis Léveillée, pour ne nommer que deux des plus illustres d'entre eux, nous parlons bien sûr des dizaines, voire des centaines d'illustrateurs dont le travail aura mérité tout autant de distinctions et de prix à La Presse depuis plus de cent ans.

Des mots et des images

Le journal que nous lisons tous les matins en prenant notre café se construit à l'aide de cinq composantes toutes aussi importantes les unes que les autres : les textes, la mise en page, les photographies, le graphisme et l'illustration. Indissociables, elles forment l'identité visuelle d'un quotidien.

Selon les époques, elles ont été plus ou moins mises en évidence, plus ou moins populaires auprès des lecteurs et des annonceurs. Mais dès les débuts d'un journal comme La Presse, l'illustration s'est avéré un excellent argument de vente.

La photographie, présente aussi dès le commencement, était alors une technique plus difficile à utiliser. Le temps d'exposition ne permettait que de faire des portraits de sujets immobiles.

L'illustration permettait, au contraire, de décrire une scène d'action, de dessiner une foule ou d'imaginer des personnages.

La une de la toute première édition de La Presse, le 10 octobre 1884, ne comportait aucun sujet illustré. Seules quelques publicités à l'intérieur du quotidien comportaient des illustrations. Mais les choses allaient vite changer.

L'apogée et le déclin

En fait, on peut considérer le début des années 1900 comme l'âge d'or de l'illustration dans les journaux. Les dessins et les photographies se côtoyaient en toute harmonie au sein de mises en page de plus en plus maîtrisées.

Avec le temps, toutefois, les techniques photographiques s'étant raffinées, le public lecteur exigeait de voir les vrais visages des acteurs de l'actualité. Les illustrations ont donc laissé la place peu à peu aux photographies, plus rapides à produire.

Les dessins et les illustrations ont donc été confinés en quelques décennies seulement aux caricatures et aux bandes dessinées. Mais là aussi, La Presse a su innover en présentant à ses lecteurs les oeuvres des meilleurs illustrateurs de l'époque.

Le retour

Par la suite, l'illustration allait servir à nouveau les dirigeants de La Presse, qui voulaient se distinguer de la grandissante et féroce compétition dans le domaine des quotidiens.

Avec le temps, il est devenu clair qu'une présentation graphique de plus en plus soignée, tablant sur les qualités de l'illustration notamment, pouvait servir à attirer les lecteurs.

Juste retour des choses, au cours du premier demi-siècle d'histoire de La Presse, les photos qui montrent crûment la réalité, ont été peu à peu remplacées par des illustrations capables de présenter des sujets rébarbatifs de manière esthétique, pour ne pas dire artistique.

Aujourd'hui, les sujets de reportages sont traités au cas par cas. Ici, des photos qui complètent le texte, là, des illustrations qui suggèrent plus qu'elles ne montrent des réalités plus complexes.