La crise financière mondiale s'est lourdement invitée au sommet de la Francophonie, qui s'est terminé hier.

Mais pour le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, bien que l'effondrement boursier ait occupé le débat, «aucun problème n'a été occulté». Les questions de l'avenir du français, de l'environnement, des droits de l'homme ont été abordées par les leaders des 55 États membres de l'organisme.

Dans une déclaration distincte, les membres de la Francophonie ont demandé la «mobilisation» de tous les pays dans «un effort concerté et intégré pour la promotion de la langue».

 

Juste avant le sommet, l'un des membres, le Rwanda, avait refroidi l'atmosphère en décrétant que l'anglais serait désormais sa langue officielle.

Appel à la mobilisation

À la conférence de presse de clôture, le premier ministre Jean Charest a insisté sur le caractère inédit de ce texte distinct sur la langue, une première dans l'histoire des sommets, selon lui. «C'est un appel à la mobilisation, un pacte pour faire la promotion du français partout sur la planète. Nous croyons que nous devons affirmer notre langue, c'est la première mission de la Francophonie. Notre langue nous définit, c'est notre valeur commune.»

Les pays francophones s'entendent ainsi pour conclure un «pacte linguistique» avec les gouvernement qui le souhaitent pour favoriser l'utilisation du français sur leur territoire.

Seuls à avoir fait des déclarations publiques avant de mettre fin à la réunion, Stephen Harper et Jean Charest n'ont abordé que du bout des lèvres la question des libertés fondamentales.

«Les enjeux de démocratie et de gouvernance sont très importants, c'est un espace politique et il faut continuer d'appuyer le secrétaire général dans le travail qu'il fait pour nous», s'est contenté de dire M. Charest.

Mais hier, le texte convenu entre les pays était beaucoup plus détaillé. Il touchait des questions épineuses comme les conflits au Darfour et à Djibouti ainsi que le coup d'État récent en Mauritanie, pays actuellement suspendu de la Francophonie. Il demande de nouveau des élections «libres, fiables et transparentes» en Côte-d'Ivoire, où la démocratie est entre parenthèses depuis six ans. Les élections prévues pour novembre seront probablement encore une fois reportées.

Droits de l'homme

Hier, le Sommet s'est engagé à une mise en oeuvre «beaucoup plus vigoureuse» des principes adoptés à Bamako en 2000 sur le respect des droits de l'homme. L'Organisation internationale de la francophonie aura des pouvoirs «d'alerte précoce» et de «diplomatie préventive» qui lui permettront d'intervenir rapidement dans les points chauds qui apparaîtront.

Les pays s'engagent à fournir «dans la mesure de leurs moyens des contingents francophones (militaires, policiers et civils) afin d'accompagner les transitions et de consolider la paix».

On s'entend aussi pour «garantir la liberté de presse» et assurer une «meilleure protection des journalistes». On vise aussi à une «coopération juridique» plus étroite.

En outre, les leaders ont adopté des textes particuliers sur les droits de l'enfant qui prévoient «le droit de vivre, de survivre et de se développer». Dans un continent africain où le travail des enfants est répandu et où de très jeunes gens sont enrôlés comme soldats, les gouvernements ont accepté d'appliquer la Convention internationale des droits de l'enfant, selon laquelle ils ne doivent pas être impliqués dans des conflits armés. La vente d'enfant, la prostitution et la pornographie impliquant les enfants seront sévèrement prohibées.

La Francophonie s'est aussi engagée à appuyer les efforts des Nations unies pour la protection des droits des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, un problème très largement répandu en Afrique et au Cambodge.

Sur les questions économiques, le Sommet de Québec estime que «la transparence et une régulation efficace demeurent des bases fondamentales pour le bon fonctionnement des marchés financiers».

Les États membres s'engagent à «assurer la solidité et la stabilité du système bancaire et financier international et à prendre toutes les mesures pour atteindre cet objectif».

On veut aussi «participer au renforcement» du système financier international «afin de le rendre plus cohérent» en appuyant une réforme qui vise la «transparence, la solidité bancaire, l'intégrité et l'amélioration de la gouvernance économique mondiale».

Crise alimentaire

Sur la crise alimentaire qui sévit depuis la flambée subite des prix des céréales, on promet une «contribution à la résolution de cette crise» en aidant particulièrement les groupes plus vulnérables comme les enfants.

Sur l'environnement, les membres de la Francophonie s'engagent à tenir compte des changements climatiques «dans toutes leurs stratégies de développement et dans tous les processus pertinents de décision et ce, à tous les niveaux».

On misera sur les transferts de technologie, et on appuiera la gestion responsable et durable des forêts. La déforestation est souvent source de l'érosion et de la désertification qui afflige plusieurs pays pauvres.