Le gouvernement français est irrité par les «commentaires» qu'il entend «ici ou là» sur la courte durée de la visite du président Nicolas Sarkozy au Sommet de la francophonie de Québec. Ce n'est que du chipotage, estime le secrétaire d'État chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet.

Selon lui, les membres de la francophonie doivent plutôt se compter chanceux d'accueillir Nicolas Sarkozy au moment où celui-ci préside l'Union européenne et doit faire face à une crise financière mondiale.

 

«Ce que je vois ici ou là, c'est qu'on chipote en disant: mais pourquoi il ne vient qu'une journée ou une journée et demie, pourquoi il ne reste pas pour la fin du sommet? (...) Franchement, il ne faut pas qu'on chipote sur les heures que le président va passer à Québec. Mais bien au contraire, il faut apprécier à sa juste valeur le fait que malgré cette crise, il a voulu être ici», a dit M. Joyandet.

Des conseillers de M. Sarkozy lui avaient recommandé de ne pas se rendre au Sommet de la francophonie en raison de la crise actuelle qui le «mobilise heure après heure». Il présidait hier une réunion du Conseil européen à Bruxelles. «Il faut inverser le prisme avec lequel on regarde la présence du président de la République à Québec. Il ne faut pas dire qu'il ne vient qu'une journée mais plutôt que, malgré la situation internationale, il vient quand même», a expliqué M. Joyandet.

Au départ, Nicolas Sarkozy devait faire une visite de quatre jours au Québec. Elle durera finalement 26 heures. Il arrivera à l'aéroport de Québec aujourd'hui, à 11h, et sera accueilli par le premier ministre Stephen Harper. Il repartira demain, à 13h, pour se rendre à Camp David, au Maryland, rencontrer le président américain George W. Bush.

Nicolas Sarkozy ratera la majeure partie du Sommet, qui s'ouvre ce soir et prend fin dimanche. Il ne participera pas aux débats sur les changements climatiques et la langue française auxquels tient tant le premier ministre Jean Charest. Il sera absent de la cérémonie de clôture, une première pour un président français depuis le début des sommets de la francophonie en 1986.

«C'est un peu décevant», a affirmé la ministre de la Culture et des Communications, responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre. Mais Jean Charest ne blâme pas M. Sarkozy. «Comme il est président de l'Union européenne, et avec les circonstances exceptionnelles qu'on a actuellement, on n'est pas étonnés que l'horaire du président soit comprimé. Malgré cela, il va donner beaucoup», a-t-il souligné.

L'ancienne ministre péquiste des Relations internationales, Louise Beaudoin, coordonnatrice du Réseau francophonie du CERIUM, a quant à elle condamné la décision de M. Sarkozy d'écourter sa visite. Le président néglige la francophonie, croit-elle.

Lors de la conférence de presse de M. Joyandet, Vincent Foly, le directeur du quotidien béninois La Nouvelle Tribune, a affirmé que l'absence de M. Sarkozy à la cérémonie de clôture dérange bien des Africains.

Horaire chargé

Le secrétaire d'État a rétorqué que le premier ministre François Fillon représentera la France lorsque M. Sarkozy sera absent. «Ce sera peut-être le premier sommet où il y aura à la fois le président et le premier ministre», a-t-il noté.

Nicolas Sarkozy a un emploi du temps chargé aujourd'hui. Il rencontrera la gouverneure générale Michaëlle Jean avant de dîner avec Stephen Harper. Une première pour un président français, il prononcera en après-midi un discours devant les 125 députés de l'Assemblée nationale. Il signera avec Jean Charest une entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre entre la France et le Québec. Il inaugurera ensuite le Centre de la francophonie des Amériques, le cadeau de la France pour le 400e anniversaire de Québec. En début de soirée, M. Sarkozy prendra part à la cérémonie d'ouverture du Sommet de la francophonie. Un dîner officiel organisé par Stephen Harper au Manoir Montmorency conclura la journée.

Lire l'entretien du président français Nicolas Sarkozy avec La Presse en pages 26-27 du cahier A.