Députés dissipés, attaques préélectorales de l'opposition, réponses sans équivoque du gouvernement: la fébrilité a atteint un sommet hier, vraisemblablement la dernière journée de cette courte session parlementaire.

La Chambre devrait être dissoute ce matin, lorsque le premier ministre Jean Charest se rendra chez le lieutenant-gouverneur à 9h45 pour déclencher une seconde campagne électorale en moins de deux ans.Dans un brouhaha digne de la fin des classes, les chefs du Parti québécois et de l'Action démocratique ont tenté pendant toute la période des questions de faire ressortir à quel point il est selon eux injustifié de tenir des élections au moment où une crise économique guette le Québec.

«Ce qu'on essaie de faire comprendre au premier ministre, c'est que le geste qu'il s'apprête à faire demain (aujourd'hui) est aussi irresponsable que si Lucien Bouchard avait eu l'idée de partir en campagne électorale en plein coeur de la crise du verglas», a estimé le chef adéquiste, Mario Dumont.

La leader péquiste, Pauline Marois, a pour sa part rappelé que Jean Charest s'était engagé à tenir un débat extraordinaire à l'Assemblée nationale sur la situation économique et budgétaire, «chiffres en main».

«Pourquoi le premier ministre revient-il encore sur sa parole de permettre aux parlementaires de débattre de la situation qui préoccupe les Québécois?» a demandé Mme Marois.

Le principal intéressé, lui, ne cachait déjà plus ses intentions. «Il y a une bonne façon de le faire ce débat (sur l'économie), c'est de s'assurer que tous les Québécois sachent où tous les partis politiques campent à l'Assemblée nationale et que tous les Québécois puissent également choisir ceux et celles qu'ils croient être les meilleurs pour gérer l'économie du Québec, qui ont le meilleur plan et qui ont la meilleure équipe», a lancé M. Charest en conclusion de la période des questions, sous les applaudissements bruyants du caucus libéral.

Départs soulignés

L'heure était aussi aux dernières poignées de main et accolades pour une dizaine de députés et ministres qui ont annoncé qu'ils ne solliciteraient pas un nouveau mandat. La séance a donc été conclue par de nombreux discours soulignant les départs, notamment, de Louise Harel, vétéran du PQ, du leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier, et du ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, qui a confirmé hier son départ de la vie politique.

Les derniers préparatifs en vue de la campagne qui devrait s'amorcer ce midi se sont poursuivis hier. Tous les partis ont réuni leurs députés une dernière fois avant le déclenchement des hostilités.

Les députés de l'ADQ ont accueilli en véritable héros le nouveau candidat-vedette de Mario Dumont, l'ex-journaliste politique de TQS Gérard Deltell. Sa venue est un baume sur une plaie encore vive: le passage de deux adéquistes chez les libéraux, il y a deux semaines.

M. Deltell se présente dans Chauveau, à Québec, en lieu et place du député adéquiste sortant, Gilles Taillon, qui a confirmé qu'il se présentait dans Chapleau, en Outaouais, une circonscription libérale depuis sa création, en 1981.