Un ministre de perdu, un de retrouvé pour Jean Charest. À la surprise générale, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, ne sollicitera pas un autre mandat. L'ancien ministre libéral Robert Dutil fait quant à lui un retour en politique et se porte candidat dans Beauce-Sud, circonscription passée à l'ADQ en 2007.

Au Parti québécois, la valse des départs se poursuit à l'approche des élections générales, dont le déclenchement est attendu demain. Maxime Arseneau et Guy Lelièvre ont confirmé hier qu'ils ne brigueront pas de nouveau les suffrages, ce qui porte à six le nombre de députés péquistes qui quittent la vie politique.Le retour de Robert Dutil dans le giron libéral est surprenant. Le frère de Marcel Dutil, fondateur de Canam Manac, a créé au début de l'année un nouveau parti politique, l'Union du centre, qui s'est lancé en guerre contre certaines décisions du gouvernement Charest. M. Dutil affirmait que la Beauce est victime d'une concurrence déloyale de la part des régions ressources qui ont droit à une aide spéciale du gouvernement. En février, il se disait même prêt à faire la lutte au PLQ aux prochaines élections. Les mesures correctrices annoncées dans le budget vont «dans le bon sens» mais restent toujours «insuffisantes» puisqu'elles ne touchent pas au coeur du problème, disait-il en mars. Il n'a pas rappelé La Presse hier.

Robert Dutil, vice-président de Structal, filiale du Groupe Canam, a été député de Beauce-Sud et ministre sous Robert Bourassa de 1985 à 1994. Il sollicitera un mandat dans la même circonscription, où il avait obtenu des majorités écrasantes.

L'ADQ a ravi Beauce-Sud aux libéraux l'an dernier.

La présidente de la Commission scolaire de Laval, Francine Charbonneau, se portera candidate pour le PLQ dans Mille-Îles avec le départ imminent du député libéral Maurice Clermont. L'ex-reporter politique de TQS, Gérard Deltell, représentera l'ADQ dans Chauveau, une circonscription de Québec que Gilles Taillon quitte pour briguer les suffrages en Outaouais.

Benoît Pelletier annoncera officiellement son départ ce matin. Ce constitutionnaliste de 48 ans a été élu la première fois député de Chapleau, en Outaouais, le 30 novembre 1998. Il est ministre des Affaires intergouvernementales depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, en 2003. Il est également responsable des Affaires autochtones, de la Francophonie canadienne, de la Réforme des institutions démocratiques et de l'Accès à l'information.

C'est à M. Pelletier que Jean Charest avait confié, en 1999, la présidence d'un comité chargé de rédiger la politique constitutionnelle du PLQ. Le rapport, déposé deux ans plus tard, propose entre autres un nouveau partage fiscal entre les gouvernements, l'encadrement du pouvoir fédéral de dépenser et la reconnaissance constitutionnelle de la spécificité du Québec. Depuis son arrivée au pouvoir, le PLQ a privilégié la conclusion d'ententes administratives avec le fédéral, puisque «le fruit n'est pas mûr» pour une reprise de négociations constitutionnelles, une expression martelée par M. Pelletier.

Chapleau est une circonscription libérale depuis sa création en 1981. En 2003, M. Pelletier avait recueilli une majorité très confortable de plus de 12 000 voix, mais celle-ci a fondu de moitié quatre ans plus tard. Il a obtenu 45% des suffrages l'an dernier, comparativement à 25% pour l'ADQ et 22% pour le PQ. Benoît Pelletier est le deuxième ministre du gouvernement Charest à tirer sa révérence après Jean-Marc Fournier.

Élu député des Îles-de-la-Madeleine la première fois en 1998, Maxime Arseneau, 58 ans, a confirmé hier son départ de la vie politique. Le péquiste venait pourtant de faire campagne pour accéder à la présidence de l'Assemblée nationale. Il s'était finalement retiré pour laisser le champ libre à son collègue François Gendron.

Maxime Arseneau a occupé les fonctions de ministre délégué au Tourisme sous Lucien Bouchard, puis de ministre de l'Agriculture sous Bernard Landry. Il avait remporté une victoire convaincante l'an dernier, avec 61% des suffrages.

Le député péquiste Guy Lelièvre a été élu sans interruption dans Gaspé depuis 1994. L'avocat de 56 ans n'a jamais été appelé à siéger au Conseil des ministres. Il était critique en matière de revenu depuis 2003. Lors des dernières élections, M. Lelièvre avait conservé son siège en récoltant une majorité de 640 voix sur le libéral Georges Mamelonet.