L'Action démocratique du Québec et le Parti québécois ne veulent rien savoir d'élections générales le 8 décembre. Et les Québécois non plus, croient-ils. Le premier ministre Jean Charest serait «totalement irresponsable» de lancer un appel aux urnes, de «mettre le feu à 100 millions de dollars», en pleine période de turbulences économiques.

Les partis de l'opposition nient mettre des bâtons dans les roues du gouvernement à l'Assemblée nationale. Ils disent avoir toujours eu l'intention de travailler «en collaboration» avec les libéraux pour que le Québec traverse la tempête sans trop de dommages.

En déclenchant des élections, «Jean Charest va prendre 100 millions et mettre le feu après pendant que les citoyens ont de la misère à arriver et à traverser la crise financière. C'est ça, la réalité», a lancé la députée adéquiste Sylvie Roy, qui a été déléguée par le chef Mario Dumont pour réagir à l'imminence des élections.

Au moment où les sondages sont dévastateurs pour son parti, Mme Roy a adopté un ton très conciliant. Selon elle, l'ADQ «a vanté tout le temps le gouvernement de cohabitation». «On a toujours offert notre collaboration pour qu'on puisse régler la crise. Alors je ne comprends pas la réaction de M. Charest.»

Le parti de Mario Dumont a déposé la semaine dernière une motion, adoptée à l'unanimité, demandant au gouvernement de déposer un plan d'action pour atténuer les effets de la crise sur les Québécois. «Tous les autres gouvernements ont pris des mesures pour contrer les effets de la crise et, ici, on n'en prendrait pas pendant un mois et on ne s'occuperait pas de l'économie?» a ajouté Sylvie Roy.

La députée de Lotbinière nie que l'ADQ rejette l'idée de tenir des élections parce qu'il connaît une période difficile à la suite de deux défections dans ses rangs. «Je n'ai pas peur d'aller en élections», a-t-elle lancé, refusant toutefois de dire à quel résultat pouvait s'attendre son parti.

Collaboration

Pour le député Bernard Drainville, le Parti québécois aussi «souhaite collaborer avec M. Charest pour aider le Québec à se sortir de la tempête». Il veut «éviter une élection» car «on n'est pas sourds, on n'est pas aveugles, on voit bien que les gens n'en veulent pas».

Contrairement à ce qu'affirme Jean Charest, les militants ont «tendu la main» au gouvernement pendant le rassemblement péquiste de la fin de semaine, estime le député de Marie-Victorin. Sur les ondes de RDI, son collègue de Richelieu, Sylvain Simard, est revenu sur ses propos, alors qu'il affirmait que le PQ allait renverser le gouvernement si celui-ci ne se montre pas à la hauteur. «À écouter M. Charest, s'il y a des élections, c'est la faute de Sylvain Simard. Il est à la recherche d'un prétexte, vous l'aurez compris. Le but de l'opposition a toujours été de prendre la place du gouvernement, et dans une envolée oratoire, j'ai répété cette chose élémentaire», a-t-il expliqué.

L'ADQ et le PQ se préparent depuis des semaines à la tenue d'élections. Ils ont déjà pris contact avec des compagnies d'autobus. Le PQ a d'ailleurs réservé les mêmes véhicules que ceux utilisés par le Bloc québécois au cours de la campagne fédérale. Le parti de Pauline Marois a aussi demandé au Bloc, en bien meilleure santé financière, de lui donner un coup de pouce et de lui prêter des équipements utilisés lors de la campagne électorale fédérale.

À l'ADQ, les photos des députés ont été prises il y a peu. Les finances du parti sont en bien meilleur état qu'au moment des élections de 2007.

La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, se dit «fâchée devant les manigances électorales» de Jean Charest. «Ce n'est pas vrai que l'Assemblée nationale est dysfonctionnelle. C'est tellement cousu de fil blanc! M. Charest veut des élections parce qu'il croit qu'il peut les gagner, point à la ligne.»