«Embarrassé» et «indigné», le chef libéral Stéphane Dion a commandé une enquête pour faire la lumière sur la série de déboires techniques qui lui ont valu d'être la risée des observateurs sur la colline parlementaire à la suite de sa réplique à l'adresse à la nation de Stephen Harper.

«Ce qui s'est passé est inacceptable. J'ai demandé une enquête interne pour identifier ce qui a manqué en termes de professionnalisme», a dit hier le chef libéral en point de presse.

 

Mercredi soir, la réplique du chef libéral devait en principe être diffusée une minute après l'adresse à la nation de Stephen Harper. Mais la cassette tournée par le Parti libéral a été livrée aux stations de télé avec plus d'une heure de retard.

La qualité médiocre des images était frappante. Stéphane Dion, filmé devant une bibliothèque en désordre, était hors foyer, son teint tirait sur le rouge et son discours commençait sans la moindre introduction. Vers la fin de son message, le chef était cadré si serré qu'on ne voyait plus son cou.

» Embarrassé, indigné «

«J'ai été embarrassé, indigné. C'est moi qui suis le plus fâché d'entre tous», a admis hier M. Dion.

Selon nos informations, c'est le vidéaste officiel du site web du Parti libéral, Mick Gzowski, qui a tourné la vidéo. Le Parti conservateur, quant à lui, a fait affaire avec un firme professionnelle privée.

M. Gzowski, qui était injoignable hier, a notamment travaillé dans l'entourage de Paul Martin alors qu'il était premier ministre.

Sentiment de proximité

Dans un commentaire qu'il a fait sur le site du Washington Post en réaction à une vidéo traitant de l'utilisation de YouTube en politique, le vidéaste a écrit que: «Les images que je filme n'ont pas la prétention d'être léchées - cela permet par conséquent aux gens qui les visionnent d'avoir un sentiment de proximité avec les politiciens - et nous obtenons de meilleures évaluations dans les groupes de discussion qu'avec les images produites à grands frais pour nos publicités de promotion ou d'attaque. Les gens du domaine de la publicité le remarquent. Je pense que cela s'explique par le fait que les électeurs veulent qu'on respecte leur intelligence et qu'avec YouTube, on a levé le rideau sur les magiciens de la télévision.»

Le Parti libéral n'a pas donné suite aux nombreuses demandes d'entrevue de La Presse hier.

Selon un historique des événements fournis à CTV hier, la réplique vidéo de M. Dion devait être livrée aux stations de télé entre 18h15 et 18h30. Les responsables libéraux se sont pointés à 18h40 à la tribune de la presse avec une cassette enregistrée au format DVD-minicam. En raison de sa qualité inférieure, ce format n'est généralement pas utilisé pour la diffusion télévisuelle et les stations de télé ne sont pas équipées pour les lire. Les responsables sont alors retournés à leurs bureaux à la hâte, notamment pour mettre au point une portion de l'allocution française de M. Dion.

Quiproquo

Vers 19h10, soit cinq minutes après le début de l'adresse à la nation de Stephen Harper, les responsables libéraux sont revenus à la tribune de la presse munis d'un lecteur de DVD-minicam et des branchements nécessaires. Un quiproquo s'en est suivi, puisque la cassette devait être livrée aux bureaux de CBC, qui se trouvent de l'autre côté de la rue, et non à la tribune de la presse.

CBC a reçu la cassette vers 19h15. Ses techniciens se sont alors empressés de faire des copies distinctes pour les réseaux anglais et français, ce qui a pris environ 10 minutes. CTV, de son côté, a obtenu l'enregistrement encore plus tard. Lorsque l'allocution de M. Dion a pu être diffusée, le bulletin spécial de la station était déjà terminé.

Avec La Collaboration De Joël-denis Bellavance