Après une semaine de vives tensions et de revirements spectaculaires, Ottawa s'est finalement couché dans le calme et la tranquillité, hier.

La journée avait pourtant commencé sur les chapeaux de roues, à l'image de celles qui l'ont précédée. À 9h30 tapantes, le premier ministre Stephen Harper s'est rendu, tel que prévu, à Rideau Hall, chez la gouverneure générale Michaëlle Jean, pour lui demander de proroger la session parlementaire.

 

Au lieu de rentrer par la porte avant, comme à l'habitude, il a choisi d'utiliser la porte de côté, soulevant le mécontentement des journalistes sur place, qui ne pouvaient donc pas l'approcher.

Dehors, quelques dizaines de manifestants scandaient des slogans en faveur du premier ministre Harper, devant la grille d'entrée du 1, Sussex Drive.

Puis la horde de journalistes a pris place devant la porte d'entrée de la résidence, en attendant la sortie du chef du gouvernement, qui pouvait survenir d'une minute à l'autre.

Lorsqu'un premier ministre demande la dissolution de la Chambre, comme M. Harper l'a fait le 7 septembre dernier, la visite protocolaire chez la gouverneure générale ne prend que quelques instants.

Or, cette fois, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. La veille, certains conservateurs avaient avancé que la rencontre pourrait durer 20 minutes. C'est en fait plus de deux heures que M. Harper a passé chez Mme Jean, dans l'étonnement général. Certains observateurs ont commencé à spéculer sur un possible refus de la gouverneure générale de répondre favorablement à la demande de prorogation, ou encore sur des conditions qu'elle aurait pu imposer au premier ministre. La tension, sur place, a monté d'un cran immédiatement.

De ce tête-à-tête, rien ne sera rendu public, dans le respect des conventions constitutionnelles. Chose certaine, les conservateurs n'avaient pas prévu une rencontre si longue. M. Harper avait pris l'engagement d'être à Woodstock, à 600 km d'Ottawa, dans le sud de l'Ontario, à 13h, pour l'inauguration d'une nouvelle usine.

Au moment où son bureau annulait ce déplacement, le premier ministre n'était pas encore réapparu derrière les portes closes de Rideau Hall.

Par un froid matin d'Ottawa, après quelques rayons de soleil, le mauvais temps s'est déchaîné, juste à temps pour la sortie du premier ministre.

C'est donc sous la grêle, devant une horde de journalistes, que M. Harper a annoncé que les travaux de la Chambre ne reprendraient que le 26 janvier. Au même moment, quelques rues plus loin, 2000 manifestants envahissaient la colline parlementaire, en soutien à la coalition formée par le Parti libéral de Stéphane Dion, le NPD de Jack Layton et soutenue par le Bloc québécois de Gilles Duceppe.

«Le premier ministre est plus intéressé à sauver son job que vos jobs», a lancé M. Layton à la foule, en référence aux nombreux emplois perdus dans les derniers mois et à «l'absence de plan» de Stephen Harper pour l'économie.

En fin de journée, les corridors du Parlement avaient repris un semblant de calme, après plusieurs jours d'une intensité rarement égalée à Ottawa. Si le projet de la coalition de renverser le gouvernement Harper est maintenant sur la glace par la force des choses, pour bien des députés de l'opposition, une conclusion semble s'imposer: ce n'est peut-être que partie remise...