Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est arrivé mardi à Copenhague pour donner une impulsion à la conférence sur le climat, menacée d'échec à trois jours du sommet des chefs d'État, alors qu'un nouveau projet d'accord a été soumis aux délégués mais sans objectif chiffré.

M. Ban qui devait s'exprimer en fin d'après-midi en séance plénière, a estimé lundi depuis New York que le temps des gesticulations était terminé, mettant en garde contre le risque d'un «échec aux conséquences potentiellement catastrophiques». Mardi matin, un nouveau projet d'accord - sans objectif chiffré ni sur les réductions d'émissions polluantes ni sur le financement, les deux principaux points d'achoppement - a été soumis aux délégués par les responsables de la négociation.

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Ce texte sera révisé dans la nuit de mardi à mercredi quand les groupes de travail mandatés auront arrêté les ambitions chiffrées, a expliqué un négociateur européen à l'AFP.

L'idée reste de limiter le réchauffement de la planète à + 2 degrés. Ce qui implique des réductions drastiques et rapides des émissions de gaz à effet de serre: le partage de l'effort suscite d'interminables tensions, en particulier entre Chinois et Américains, les deux grands pollueurs de la planète.

Dans une tribune publiée mardi par l'International Herald Tribune, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton souligne que la pression ne peut reposer exclusivement sur les épaules des pays industrialisés, même s'ils doivent montrer la voie.

«La réalité est très simple: pratiquement toute la croissance des émissions dans les 20 années à venir viendra des pays en développement. Sans leur participation et leur engagement, rien n'est possible», écrit-elle.

L'arrivée annoncée de quelque 120 chefs d'État ou de gouvernement, certains dès mardi à l'image du premier ministre britannique Gordon Brown, «a un impact énorme sur les négociations», estime Todd Stern, émissaire américain pour le climat. «C'est sans précédent, cela met la pression. Je pense que c'est plutôt une pression salutaire».

«Il ne faut pas chercher à aller plus vite que la musique, commentait en revanche un diplomate occidental. Il faut respecter une nécessaire lenteur pour passer des négociateurs aux ministres, puis des ministres aux chefs d'État».

«Hier (lundi) on a perdu du temps parce que les chefs sont arrivés trop vite», a-t-il raconté, faisant allusion à la décision des pays africains de suspendre leur participation aux travaux pendant plusieurs heures, irrités entre autres par des maladresses de procédure comme par l'absence d'interprètes lors de certains débats.

L'avenir du protocole de Kyoto, seul traité international contraignant contre le réchauffement, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012, reste une sujet électrique. Y voyant la seule garantie crédible d'un engagement contraignant des pays riches, les pays en développement y sont farouchement attachés.

«Le risque, si nous perdons Kyoto, c'est d'avoir un régime beaucoup plus flou dans lequel chaque pays industrialisé ferait ce qu'il veut sans qu'on puisse lui imposer d'objectif ni de comparabilité», souligne Sergio Serra, ambassadeur du Brésil pour le climat. «L'envoyer à la poubelle serait un retour en arrière».

Mais cette intransigeance irrite. «C'est inquiétant. La conférence ne progresse pas à cause de cela», a estimé le ministre japonais de l'Environnement, Sakihito Ozawa.

«C'est impossible de mener les négociations sur cette base», a-t-il ajouté, soulignant que la donne avait profondément changé depuis la signature du traité en 1997 et refusant de s'engager une nouvelle fois dans un cadre qui exclut les États-Unis (qui ne l'ont jamais ratifié) et la Chine (qui n'est pas tenue à des engagements contraignants).

Une conférence climat, «cela ne se déroule jamais paisiblement, comme prévu. Il y a toujours des secousses, des zigs et des zags», résumait Todd Stern.