L'équipe de communications de Brian Mulroney estime avoir remporté une victoire significative, jeudi après-midi, à la commission Oliphant chargée de faire la lumière sur les relations d'affaires entre l'ancien premier ministre et Karlheinz Schreiber.

Durant son contre-interrogatoire par l'avocat de M. Mulroney, Me Guy Pratte, l'homme d'affaires germano-canadien a indiqué que leur entente n'avait pas été conclue au lac Harrington, deux jours avant que le premier ministre ne quitte son poste, mais deux mois plus tard, dans une chambre d'hôtel de l'aéroport de Mirabel. « La base des accusations de M. Schreiber à l'endroit de M. Mulroney a été détruite par son propre témoignage », a déclaré le porte-parole de l'ancien premier ministre dans un communiqué diffusé dans le courant de l'après-midi.

« La question centrale en jeu dans l'enquête est l'affirmation de Karlheinz Schreiber, dans son affidavit de novembre 2007, que lui et M. Mulroney se sont entendus au lac Harrington pendant qu'il était premier ministre en 1993 », a-t-il ajouté.

Peu après ces déclarations, l'avocat de Karlheinz Schreiber, Me Richard Auger, a demandé à la commission de suspendre ses travaux en raison de la « fatigue » de son client.

L'avocat de Brian Mulroney, Me Guy Pratte, doit poursuivre son contre-interrogatoire vendredi matin.

La commission Oliphant a été créée dans la foulée de la divulgation de cet affidavit, afin de faire la lumière sur les relations d'affaires entre les deux hommes. M. Schreiber a remis entre 225 000 et 300 000 dollars à Brian Mulroney dans des chambres d'hôtel de Montréal et de New York entre août 1993 et décembre 1994.

M. Mulroney affirme que c'était pour promouvoir des véhicules blindés de la compagnie allemande Thyssen à travers le monde. L'homme d'affaires prétend que c'était plutôt pour qu'il fasse avancer le projet auprès de politiciens canadiens. Il a toutefois déclaré hier qu'il savait que son partenaire ne pouvait rien faire de concret en raison de la situation politique canadienne, mais qu'il a continué à le payer quand même.

« Je n'ai jamais dit que nous avions conclu l'entente finale au lac Harrington, a dit M. Schreiber à sa sortie de la salle d'audience. J'ai dit que nous nous étions entendus pour travailler ensemble. »

Il a ajouté que l'entente avait été finalisée plus tard, lors de leur première rencontre et du premier paiement, dans une chambre d'hôtel de l'aéroport de Mirabel, au mois d'août suivant.

Le mandat du commissaire Jeffrey Oliphant prévoit qu'il doit répondre à 17 questions, dont : « M. Mulroney a-t-il conclu une entente alors qu'il siégeait encore comme premier ministre? » et : « Le cas échéant, quelle était cette entente, et à quel moment et à quel endroit a-t-elle été conclue? »

Le juge manitobain doit décider si le premier ministre a brisé des règles d'éthique en vigueur à l'époque, par exemple en recevant de l'argent pour des services rendus au moment où il était premier ministre, un scénario que Karlheinz Schreiber a toutefois nié à la commission, mercredi.

Les trois dernières journées ont été éprouvantes pour l'homme d'affaires, sa crédibilité ayant été mise à rude épreuve par l'avocat principal de la commission, Me Richard Wolson. Son témoignage doit se terminer demain.

Les témoins de la semaine prochaine ont été annoncés en milieu d'après-midi. Ils incluent l'auteur et avocat William Kaplan, l'ancien ministre des provinces atlantiques, Elmer MacKay, deux fonctionnaires du bureau du Conseil privé et Robert Hladun, un avocat albertain de Karlheinz Schreiber.