Amanda Rodrigues n'a pas à raconter les circonstances tragiques de la mort de son mari, a décrété la juge Claudine Roy, vendredi, au procès qui oppose la veuve du boxeur Arturo Gatti à la famille de celui-ci.

«Ces faits seront peut-être utiles pour le recours au New Jersey», a dit la juge, avant de signaler qu'ils ne le sont pas dans le procès qu'elle préside. Le fait de questionner Mme Rodrigues à ce sujet, alors que les demandeurs n'ont pas invoqué les circonstances de la mort d'Arturo Gatti dans leur poursuite, s'apparenterait à une «expédition de pêche», a conclu la magistrate.

Me Carmine Mercadante, qui représente Ida et Fabrizio Gatti (mère et frère du boxeur) de même que Sofia (la fille qu'Arturo Gatti a eue d'une relation précédente), n'a donc pas posé beaucoup d'autres questions à la veuve de 25 ans.

L'avocat a cependant voulu éprouver de nouveau la crédibilité de Mme Rodrigues en la questionnant sur un tatouage que le défunt avait au cou - des gants de boxe accompagnés de l'inscription «Victory». Mme Rodrigues a toujours soutenu qu'elle n'avait appris qu'après trois ou quatre mois de fréquentations assidues qu'Arturo Gatti était boxeur professionnel. Ce tatouage devait tout de même lui avoir mis la puce à l'oreille, a suggéré Me Mercadante.

«Je lui regardais le visage», a répondu sèchement la veuve avant de dire qu'Arturo avait sept tatouages et qu'elle ne l'avait pas questionné à ce sujet.

En résumé, Mme Rodrigues nie ou minimise tout ce que les personnes qui ont témoigné pour les demandeurs ont pu dire de négatif à son sujet. Elle n'a jamais prononcé les paroles méchantes qu'on lui prête ou, quand elle l'a fait, c'était simplement pour appuyer son mari qui les avait dites avant elle. Ses crises de colère envers Arturo n'étaient pas aussi violentes qu'on le dit; elle n'a jamais juré comme on le soutient, elle ne boit pas ou si peu, elle n'a jamais dansé nue dans une boîte de nuit comme certains l'ont prétendu et n'a pas manipulé Arturo pour qu'il change son testament. Mme Rodrigues affirme que son mari et elle s'aimaient passionnément, qu'ils n'ont jamais été séparés et que le seul problème, dans leur couple, c'était quand Arturo buvait.

La gardienne

Quand Mme Rodrigues a quitté la barre, c'est Victoria Purchio, qui gardait souvent l'enfant du couple Rodrigues-Gatti, en 2009, qui a été appelée à témoigner. Elle habitait dans le même immeuble que le couple, rue Jarry. Arturo Junior est né en septembre 2008. Mme Purchio le gardait trois ou quatre fois par semaine, parfois plus, a-t-elle dit.

Mme Purchio, qui a repris du service depuis le début du procès puisque c'est elle qui garde l'enfant quand Mme Rodrigues est à la cour, a décrit cette dernière comme une mère extraordinaire, qui adore son fils. Arturo aussi était un très bon père, mais il buvait. Il lui arrivait souvent de sentir l'alcool, alors que cela n'arrivait jamais à Mme Rodrigues. Cette dernière pouvait prendre un cocktail à l'occasion, mais sans plus.

«J'avais du vin quand ils venaient souper chez moi, et elle n'en prenait même pas. Elle buvait de l'eau», a raconté Mme Purchio. Enfin, elle assure qu'Arturo Gatti et Amanda Rodrigues formaient toujours un couple en juin 2009.

Dans cette affaire, la famille Gatti demande à la Cour supérieure de déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder au défunt boxeur pour cause de captation. La famille l'accuse d'avoir manipulé Arturo Gatti. Ce dernier a rédigé le testament qui fait de Mme Rodrigues sa seule héritière trois semaines seulement avant de mourir pendu au Brésil, le 11 juillet 2009. Le drame est survenu dans l'appartement où le couple était en vacances, après une violente querelle.

Le procès, qui est sur les rails depuis trois semaines, reprendra le 3 octobre. Les parties ont semblé sur le point de conclure une entente à l'amiable, cette semaine, mais cela ne s'est pas concrétisé. Rappelons enfin qu'Erica Rivera, mère de la fille d'Arturo Gatti, a intenté un recours au New Jersey visant à tenir Mme Rodrigues civilement responsable de la mort du boxeur. La succession, qui a fondu de moitié depuis deux ans, est aussi visée par une poursuite de 5 millions de dollars intentée par un résidant de la Floride, que Gatti aurait frappé au visage lors d'une querelle en avril 2009.

Vendredi, la juge Roy a indiqué que 1 million de dollars avaient été dépensés en frais de toutes sortes, notamment en faramineux frais d'avocats. «Si votre but est d'assurer la sécurité des deux enfants d'Arturo, vos actes ont l'effet contraire», a noté la juge.