Pour prouver son amour à Amanda Rodrigues, Arturo Gatti a déchiré le contrat de mariage en séparation de biens qu'ils avaient signé. Si le geste était théâtral, il n'avait aucune conséquence juridique puisqu'il s'agissait d'une vulgaire copie!

«Arturo Gatti savait que c'était une copie. Il m'a fait un sourire et un clin d'oeil», a raconté Kathryn Appello, secrétaire juridique, jeudi, au procès sur la succession d'Arturo Gatti, à Montréal. Venue du New Jersey avec son patron, Me John Lynch, Mme Appello a expliqué qu'elle avait, à la demande de ce dernier, dactylographié le fameux contrat en séparation de biens. Le 22 août 2007, Arturo Gatti et Amanda Rodrigues se sont rendus au cabinet pour signer le document. La jeune femme était pressée; elle n'a pas voulu lire le contrat, a dit qu'elle ne voulait rien avoir et qu'ils avaient un avion à prendre. De fait, ils allaient se marier à Las Vegas, quatre jours plus tard.

Quoi qu'il en soit, en vertu de ce contrat, Mme Rodrigues n'avait aucun droit sur les biens de M. Gatti. Mais, selon la secrétaire, quelques mois plus tard, Arturo Gatti est passé au bureau avec sa femme et a réclamé le document. La secrétaire a téléphoné à Me Lynch pour lui demander ce qu'il fallait faire. Ce dernier lui a dit de donner une copie du contrat, ce qu'elle a fait. Gatti a déchiré le papier tout en faisant un discret clin d'oeil à la secrétaire. Amanda Rodrigues a fait un sourire narquois, selon Mme Appello. Cette dernière affirme qu'Arturo Gatti l'a rappelée environ une semaine plus tard pour lui demander si elle avait toujours l'original.

«Bien sûr, Arturo», a répondu la secrétaire.

Près de deux ans plus tard, le 7 mai 2009, Arturo Gatti a de nouveau téléphoné, cette fois pour obtenir son contrat de mariage en vue de son divorce. Cette version de la Mme Appello contredit celle de Mme Rodrigues, qui affirme que c'est quelques jours seulement après le mariage qu'ils sont allés au cabinet de l'avocat pour détruire le document. Elle soutient que la secrétaire leur a dit que le document avait été envoyé par FedEx, qu'elle ne l'a jamais reçu et n'a jamais cherché à savoir ce qu'il en était advenu. Elle assure qu'elle n'était pas intéressée par la fortune du boxeur.

Lune de miel et police

Rappelée à la barre en fin de matinée, jeudi, Mme Rodrigues a été questionnée sur les querelles, dont certaines très violentes, qu'elle a eues avec Arturo Gatti pendant son mariage. Ils ont même été arrêtés alors qu'ils étaient en lune de miel à Hawaii, en janvier 2008. La dispute avait commencé dans un restaurant. Quelqu'un a appelé la police lorsqu'ils sont partis, et ils se sont fait arrêter dans le stationnement du Ritz-Carlton, où ils logeaient. Ivre, vacillante et rétive, Mme Rodrigues a crié aux policiers: «Fuck you, fuckin'bitch. You dont know the fucking story.» C'est du moins ce qui est écrit dans le rapport de la police d'Hawaii.

«Je n'ai jamais dit ça, ça ne fait pas partie de mon vocabulaire», s'est défendue Mme Rodrigues, jeudi, avant de reconnaître qu'elle avait pu dire des mots semblables dans sa vie, quand elle était fâchée.

«Quand vous êtes fâchée, ça sort?», lui a demandé Me Carmine Mercadante, qui représente la famille Gatti.

«Je peux l'être, mais ça ne dure pas longtemps, a-t-elle rétorqué candidement, avant d'ajouter: Je n'ai pas été fâchée depuis tellement longtemps...»

Le procès se poursuit ce matin. Rappelons que, dans cette affaire, Ida et Fabrizio Gatti, respectivement mère et frère du défunt, de même qu'Erica Rivera, mère du premier enfant du boxeur, demandent à la Cour supérieure de déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder pour cause de captation. Il est à noter que Mme Rivera vient d'intenter au New Jersey une poursuite contre Mme Rodrigues, qu'elle accuse d'avoir assommé et asphyxié M. Gatti. Elle demande le gel des avoirs de la succession. Cela fait suite au rapport d'une enquête privée, qui conclut que M. Gatti ne s'est pas suicidé par pendaison le 11 juillet 2009 comme l'ont conclu les autorités brésiliennes, mais qu'il a été tué. Le drame est survenu trois semaines après que M. Gatti eut signé un testament qui faisait de Mme Rodrigues sa seule héritière.