S'il faut en croire des amis intimes du boxeur Arturo Gatti, sa jeune femme, Amanda Rodrigues, était colérique, manipulatrice et impitoyable avec les proches de son mari.

C'est ce qui se dégage du témoignage de quatre personnes, hier, à la deuxième journée du procès civil qui oppose la mère et le frère du défunt boxeur, Ida et Fabrizio Gatti, à sa jeune veuve, Amanda Rodrigues. Le litige a trait au dernier testament de Gatti, rédigé trois semaines avant sa mort tragique au Brésil, en juillet 2009, dans lequel il fait de Mme Rodrigues la seule héritière de tous ses biens, évalués à 6 ou 7 millions. La famille Gatti soutient que Mme Rodrigues, maintenant âgée de 25 ans, est indigne de succéder pour cause de captation. Selon le Code civil, une personne est indigne de succéder si elle a exercé des sévices sur le défunt ou si elle a eu un comportement hautement répréhensible. C'est ce dernier élément qui est avancé par la famille Gatti.

Les témoins entendus hier sont Christian Santos et les soeurs Gisela et Marisa Minero, tous trois amis d'enfance de Gatti, ainsi que Dino Ciangula, un DJ devenu son ami en 2008.

Fille déficiente

Les trois premiers témoins ont relaté l'incident au cours duquel, lors d'un souper dans un restaurant, vraisemblablement à l'automne 2008, Mme Rodrigues a dit que la fille d'Arturo Gatti, issue d'une relation précédente, avait l'air d'une enfant déficiente, d'une «mongole». Furieux, Arturo Gatti lui a dit de fermer sa «sale gueule». Amanda est sortie en furie du restaurant avec Junior, le bébé qu'elle a eu avec Arturo Gatti. «Elle était incontrôlable», a raconté Gisele Minero.

Par la suite, en novembre 2008, les deux soeurs Minero sont allées souper au restaurant Bâton rouge avec Amanda Rodrigues. Celle-ci aurait flirté avec le serveur et aurait médit de la famille de Gatti: son père, Giovanni, mort il y a de nombreuses années, était alcoolique et violent. Son grand frère, Joe, avait des problèmes d'argent et était jaloux d'Arturo. Sa soeur Anna-Maria avait épousé un looser. (Il est à noter que cette soeur d'Arturo Gatti a été la femme du boxeur David Hilton.) Son frère Fabrizio était un paresseux et un loser. Bref, Mme Rodrigues estimait que la famille Gatti n'était intéressée qu'à l'argent d'Arturo. «S'il meurt, ils vont se battre pour l'argent, mais je ne les laisserai pas faire», aurait-elle dit.

Le même soir, après le souper, Mme Rodrigues a envoyé un texto à Gatti, puis elle est devenue furieuse, selon les deux soeurs. Ces dernières sont allées à l'appartement que partageait le couple, rue Jarry Est. Mme Rodrigues s'est mise en colère contre Arturo, qui était absent. «Il pense que ses ex sont des bitchs, mais il va voir que je vais être la plus bitch de toutes. Je vais le tuer», aurait dit Mme Rodrigues. Les deux soeurs n'ont pas pris cette remarque au sérieux.

Les témoins entendus jusqu'ici ont fait le portrait d'une relation dysfonctionnelle entre Arturo Gatti, qui avait 37 ans à sa mort, et sa femme, d'origine brésilienne, qui avait 14 ans de moins que lui. Le couple s'est marié en 2007, au Nevada. Un fils est né en septembre 2008 de cette union. Les crises et les querelles étaient fréquentes. Gatti se montrait patient, car il craignait de perdre son fils, selon son ami d'enfance Christian Santos.

Me Pierre-Hugues Fortin, qui représente Mme Rodrigues, a suggéré que les fréquentes querelles du couple avaient trait aux problèmes d'alcool d'Arturo Gatti. Le boxeur sortait beaucoup dans les bars, les restaurants et les bars de danseuses nues. Ses amis d'enfance considèrent cependant que l'ex-boxeur n'avait pas de problème d'alcool. Invité à donner sa conception de l'alcoolisme, Christian Santos a répondu qu'un alcoolique, «c'est quelqu'un qui boit le matin en se levant et qui continue toute la journée». Ce n'était pas le cas d'Arturo Gatti. Le procès se poursuit aujourd'hui.