Avant même d'être conquis, l'astre lunaire a toujours eu un énorme pouvoir d'attraction. Films, chansons, poésie, romans: de Charles Baudelaire à David Bowie en passant par Stanley Kubrick, la Lune a fasciné et inspiré d'innombrables d'oeuvres.

Les compositeurs de musique et auteurs de chansons étaient fascinés par la Lune bien avant le 20 juillet 1969. De la Sonate au clair de lune de Beethoven à la vénérable Au clair de la lune, l'astre lunaire a été mis en musique autant sinon plus que son éternel rival, le Soleil. Pas fou, Charles Trenet les a conviés tous deux à un rendez-vous où, manque de pot, madame la Lune ne s'est jamais présentée.

 

La Lune a été associée au romantisme (Fly Me To The Moon de Bart Howard que crooners et chanteurs de jazz se sont arrachée ou encore On n'a pas besoin de la lune de Georges Brassens) et aux amours difficiles (The Moon Is a Harsh Mistress de Jimmy Webb), à la mélancolie (Clair de lune de Ferré), à la magie et au mystère (By the Light of the Magical Moon de T. Rex), mais aussi à la noirceur (Bad Moon Rising de Creedence Clearwater Revival) et à la folie (l'album Dark Side of the Moon de Pink Floyd). On l'a chantée sur tous les tons, du country (Harvest Moon de Neil Young), au bluegrass (Blue Moon of Kentucky de Bill Monroe) et au rock progressif (Moon in June de Soft Machine), une même chanson (Blue Moon) pouvant être apprêtée à la sauce doo-wop des Marcels où à celle, plus épicée, de MXPX.

La Lune n'a rien perdu de son pouvoir d'évocation depuis le 20 juillet 1969, mais on peut compter sur les doigts d'une main ceux qui se sont inspirés de la mission Apollo XI et en ont fait des chansons marquantes.

On pense tout de suite à David Bowie et à sa Space Oddity, dans laquelle Major Tom est tellement fasciné par son voyage dans l'espace qu'il décide d'y rester, abandonnant sa femme dont il nous dit pourtant qu'il l'aime beaucoup. Bowie a enregistré Space Oddity avant la mission Apollo, mais sa compagnie de disques, flairant l'occasion, a lancé le 45-tours le 11 juillet 1969, neuf jours avant le premier pas de l'homme sur la lune... et près de trois mois avant qu'elle n'apparaisse sur l'album de Bowie.

Ce qui devait arriver arriva : la BBC a fait jouer Space Oddity dans ses reportages sur la mission Apollo XI et Bowie, s'il n'est pas devenu une supervedette sur le coup, a été suffisamment remarqué pour que sa carrière soit sur les rails. Quarante ans plus tard, on peut justement télécharger quatre versions différentes de Space Oddity ainsi que chacune des pistes de cet enregistrement pour ceux qui auraient envie de le remixer.

L'album Benefit de Jethro Tull, lancé au printemps 1970, comptait aussi une référence, moins évidente, à la mission Apollo XI, dans For Michael Collins, Jeffrey and Me, une fort belle chanson sur les occasions ratées. Michael Collins étant le troisième astronaute de la mission, celui qui n'a pas posé le pied sur la lune, et Jeffrey (Hammond), un ami du chanteur Ian Anderson qui avait refusé de faire partie de Jethro Tull. Mais Anderson avait tout faux : Collins a répété cent fois qu'il n'a jamais ressenti quelque frustration que ce soit... et Jeffrey a joint Jethro Tull dès son album suivant : Aqualung.

La chanson Man on the Moon, de R.E.M., comme le film de Milos Forman auquel elle a donné son nom, parle moins de la Lune que du comédien et humoriste Andy Kaufman. Mais elle est intéressante en ce qu'elle fait écho aux innombrables théories du complot dont a fait l'objet la mission Apollo XI. «Si vous croyez qu'ils ont mis un homme sur la Lune», chante Michael Stipe comme si, pour le personnage de la chanson, c'était là la preuve irréfutable de la naïveté de son interlocuteur.