Dannick, 15 ans, est impatient de revenir sur la glace. Depuis deux jours, il sourit en permanence, il a le pas léger. Il sort aujourd'hui, a-t-il appris. Si c'était permis, il chanterait et danserait. «Jamais une consommation ne pourrait m'apporter la joie que j'ai en ce moment», confie-t-il en comptant les minutes avant sa cérémonie de départ.

Parce que la drogue prenait toute la place dans sa vie, Dannick a raté sa saison de baseball. Celles de motocross et de golf aussi. «Plus jamais», dit ce sportif. Il fallait le voir jouer au ballon chasseur, hier soir, dans le vieux gymnase de l'hôpital. Le meilleur sur le terrain. «Au début, je frappais dans les murs si je perdais.» Plus maintenant.

 

Pendant les 10 dernières semaines, il a joué le match de sa vie. Cet après-midi, sa mère, sa grand-mère et son petit frère sont là, tous en pleurs, pour assister à la grande finale. Le salon a un air de fête. Dannick a son diplôme en main.

«Il y a tellement d'amour dans notre famille, je savais qu'on passerait au travers», lui confie sa mère devant un auditoire attentif. Sa voix tremble, sa main serre un mouchoir. «J'ai toujours cru en toi. Je suis fière de toi. Je savais que mon p'tit gars, le vrai, n'était pas loin.»

Dannick avait hâte de retrouver les siens et de leur demander pardon pour l'enfer qu'il leur a fait subir. Surtout à son petit frère. «Je t'aime, je me suis ennuyé de toi. Je m'excuse de t'avoir tapé dessus, tu étais mon souffre-douleur. Je veux qu'on fasse des activités... à jeun», lui déclare-t-il à voix basse, en le serrant dans ses bras.

Sa «belle mamie d'amour» peine à retenir ses larmes. Elle a tenu à se venir malgré la bonbonne d'oxygène qu'elle doit traîner pour respirer. «Tu m'as fait vivre deux immenses moments de bonheur: quand tu es né et quand tu es entré ici. J'ai oublié ton agressivité. Tu as une belle vie devant toi, pis t'es beau comme un coeur.» Les yeux rieurs, il répond: «Ça, c'est parce que j'ai pris 20 livres ici!»

Il étreint ses camarades un à un. Un moment touchant. «Je vais m'ennuyer. Lâchez surtout pas, ça vaut la peine.» Puis il soulève sa mère, à la façon d'un nouveau marié. «Pincez-moi, quelqu'un, mon gars rentre chez nous.»