À la suite de l'exécution d'Oussama Ben Laden par les Américains, craignez-vous des représailles d'Al-Qaïda? Croyez-vous, au contraire, que son décès entraînera une diminution des activités terroristes dans le monde?

Faites-nous part de votre opinion à forum@lapresse.ca. Les commentaires signés seront publiés sur Cyberpresse et/ou dans La Presse.

VOS COMMENTAIRES

Nous ne serons jamais à l'abri

Évidemment, qu'il y aura des représailles, mais elles seront moins importantes que ce que pouvait faire Oussama Ben Laden. Et il y aura une diminution du djihad radical.  Cependant, Oussama, aussi appelé l'émir, est mort riche. Que sera-t-il advenu de sa richesse? Ce ne sera certainement pas un don aux hôpitaux.  Cet argent servira à organiser d'autres attentats!

Il était un symbole fort de l'antiaméricanisme. Le corps a disparu pour éviter que certains l'embaument en héros. Tant qu'il y aura des armes, des positions religieuses extrémistes et des multinationales qui ont du sang sur les mains, nous ne serons jamais à l'abri à 100 %. En espérant qu'il ira en enfer ou quelque chose qui y ressemble.

Philippe Labelle

***

Comme un roman

L'histoire a une fin comme dans les films d'Hollywood.  Le bon a vaincu le méchant et toute sa bande de fanatiques barbus... L'histoire est gigantesque et l'enjeu encore plus, sauf qu'au niveau du citoyen lecteur de nouvelles et otage des agences de presse, c'est la confusion la plus totale.

Depuis 10 ans, les nouvelles nous parviennent de partout, aussi contradictoires les unes que les autres, des témoignages accablants, tant sur l'effroyable complot du 11 septembre, que des vrais acteurs de celui-ci.

Je pense que les évènements ont été dictés par les mêmes pouvoirs qui ont demandé de capturer Ben Laden. Il fallait mettre un terme à l'histoire et reprendre le fil de la peur, tout en actualisant les besoins et les mesures qui seront prises dans l'acte II de la terreur au service du pouvoir, non des gouvernements, mais des pouvoirs réels, omniprésents, tout puissants qui régissent et contrôlent la planète.

L'histoire semble énorme, si gigantesque qu'il est difficile pour le citoyen de même l'imaginer.

Yves Roy

***

Ce n'est pas la justice

Je ne comprends pas cet assassinat politique commandé d'Oussama Ben Laden, dont les États-Unis et Barak Obama se vantent aujourd'hui! Les États-Unis ont peut-être commis bien des assassinats politiques par le passé, mais c'est bien la première fois qu'ils s'en vantent ouvertement!

Beaucoup de questions demeurent sans réponse. Pourquoi hier,  alors qu'ils savaient depuis le mois d'août où se trouvait Ben Laden? Supposons que c'est parce qu'ils espéraient un accord avec le Pakistan, accord qui n'est pas venu puisqu'ils ont mené l'opération en secret des autorités pakistanaises, semble-t-il. Soit.  Mais pourquoi alors l'exécuter? Pourquoi ne pas l'arrêter? Nous parlons ici d'une démocratie, d'un État de droit. Pas d'un État où s'applique la Loi du talion.

Il y avait un mandat d'arrêt international contre Ben Laden, pas un jugement de culpabilité, ni une sentence de mort. Si Ben Laden avait été arrêté, s'il avait eu un procès en bonne et due forme, s'il avait fini ses jours en prison, il n'aurait jamais pu devenir un martyr et une icône. Et là, on aurait pu dire que justice avait été rendue. Est-ce qu'un assassinat politique, sans aucune forme de procès, même celui de la pire crapule qui soit, c'est de la justice? Vraiment?

Par la suite, une fois l'homme tué, pourquoi ne pas avoir obtenu de meilleures preuves et des preuves indéniables de son identité?

Pourquoi avoir largué son corps dans la mer aussi rapidement, de sorte qu'on ne puisse jamais le retrouver? Pourquoi, surtout, ce style d'inhumation? On pourra argumenter qu'il aurait été dangereux qu'il y ait un lieu dans le monde où se trouveraient les restes de Ben Laden, lieu qui aurait pu faire l'objet d'une vénération pour ses partisans ou de tentatives de profanation de la part de ses ennemis. Mais les autorités américaines ne pouvaient pas ignorer que cette forme de disposition d'un cadavre est une profanation et un sacrilège pour l'Islam qui a des prescriptions très strictes sur la façon de disposer de ses morts.

Je ne comprends pas et je suis choquée par cette façon de faire!

Monique Fournier, scénariste et écrivain

***

Le cercle vicieux de la vengeance

Contrairement à des millions de gens partout à travers le monde, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'assassinat d'Oussama ben Laden je n'ai pas eu le coeur aux réjouissances. Je serais le premier à me réjouir à l'annonce de la mort du terrorisme, mais il faudrait être très naïf pour croire que c'est cela qui vient de se produire. Nous avons plutôt été témoins de la victoire de la vengeance et du culte de la haine. La mort de ben Laden ne remmènera malheureusement pas à la vie les victimes innocentes qui ont péri dans des circonstances terribles lors des attentats du 11 septembre 2001, ni ne mettra fin au terrorisme.

Ce qui me trouble particulièrement par rapport à la réaction face à cette nouvelle c'est l'aveuglement général dont nous sommes tous atteints et l'hypocrisie de notre vision unilatérale du bien et du mal. Nous considérons acceptable que le méchant ben Laden ait été condamné à mort pour avoir tué 3000 Américains, ces mêmes « bons » Américains qui par la suite, en 2003, ont envahi l'Irak et provoqué une guerre injustifiée qui jusqu'à maintenant a causé la mort de plus 100 000 civils irakiens innocents (dont au moins 11 516 causé par l'action directe des forces de la coalition), sans avoir à rendre compte de leurs actes. J'ai donc de la difficulté à adhérer à ce discours populaire selon lequel la mort de ben Laden est le triomphe du bien sur le mal. Tout ce que je vois c'est le mal qui continue sans cesse de se perpétrer.

Une lutte contre le terrorisme qui fera probablement plus d'innocentes victimes qu'en feront eux-mêmes les terroristes est tout à fait absurde. Mettons enfin de côté cette vengeance qui nous anime et cherchons à nous sortir de ce cercle vicieux de violence dans lequel nous sommes empêtrés. Le terrorisme ne pourra pas cesser d'exister tant que nous ne nous y attaquerons pas de façon intelligente, c'est-à-dire en cherchant à comprendre les fondements et les causes de la haine qu'entretiennent certains extrémistes envers l'occident et non en leur donnant de plus en plus de raisons de nous haïr.

Vincent Brière

***

Mission accomplie, monsieur le président

À l'occasion de mon séjour étudiant aux États-Unis, à l'université Georgetown de Washington D.C. plus précisément, il était quotidiennement discuté parmi les étudiants adultes du programme de sécurité nationale, des stratégies voire des tactiques de terrain, pour lutter efficacement contre le terrorisme.

Généralement, deux écoles de pensée s'affrontaient : il y avait les tenants de la grande occupation militaire des territoires ou pays souverains qui supportaient le terrorisme de quelque manière que ce soit. C'était l'école républicaine. Une autre école de pensée soutenait les opérations chirurgicales, moins coûteuses, mais plus efficaces et respectueuses du droit international, de la CIA et des forces spéciales. C'était l'école de pensée privilégiée par les démocrates.

Or, cette deuxième école vient de prouver son efficacité, et le « Commander in Chief » son habileté à mener des opérations chirurgicales efficaces : Ben Laden a été neutralisé.  Le bon droit a finalement prévalu pour ceux qui poursuivent et accomplissent l'idéal de justice.

Manifestement, le Président Obama peut-il fièrement naviguer vers un deuxième mandat? À tous égards, mission accomplie!

Me Claude Laferrière, avocat et chargé de cours en droit de la sécurité nationale, Université de Montréal.