M. Vincent Lacroix, voici maintenant quatre ans que vous avez bousculé ma vie. C'est le 25 août 2005 que le pot aux roses a éclaté et que j'ai compris que vous aviez dilapidé une partie fort significative du patrimoine de ma mère et de ma conjointe et du mien.

J'aimerais que vous compreniez comment vos viles actions ont pu avoir de l'influence fort négative dans la vie de vos victimes. En effet, ma mère, ma conjointe et moi avions confié nos économies à une des sociétés que vous avez achetées, en vous servant vraisemblablement de l'argent d'autres épargnants.

 

Nos placements étaient diversifiés en obligations, en actions de première qualité (blue chips) canadiennes et étrangères. En principe, il s'agissait de portefeuilles comme les spécialistes en investissement conseillent: pas trop risqués, mais avec la possibilité de participer à la croissance économique. Donc des placements qui devaient assurer un certain degré de confort matériel à ma mère qui est en centre d'accueil, victime d'un parkinson avancé, et une retraite confortable à ma conjointe et à moi dès cette année.

Mais voilà, vous avez fait le ménage de plusieurs centaines de milliers de dollars dans nos comptes d'investissements et nous sommes maintenant placés dans une situation où la «liberté 55» ne fait plus partie de la donne. Conséquemment, nous devrons probablement travailler jusqu'à 65 ans, alors que ma mère ne pourra pas s'offrir certaines des petites douceurs auxquelles elle aspirait en cette dernière étape de sa vie.

Vous comprendrez que chaque jour où je me lève pour me rendre au travail - et fort heureusement, j'en ai un -, je ne peux avoir qu'une pensée pour vous en me disant: que ferais-je aujourd'hui si Vincent ne m'avait pas volé et violé mon intégrité?

Alors, ne vous scandalisez pas lorsque les journalistes vous suivent à votre sortie de prison et à votre transfert en maison de transition. Vous devriez plutôt vous demander comment il se fait que vous soyez déjà sorti de prison alors que vous avez condamné, par vos actions, 9200 personnes à une vie bien en dessous de ce à quoi étaient en droit de s'attendre. Les économies qu'elles avaient amassées en vue de s'assurer un certain degré de confort, elles ne pourront jamais les récupérer à cause de vous.

De grâce, M. Lacroix, cessez de jouer à la vierge offensée, vous qui avez ruiné la vie d'autant de gens et acceptez que l'opinion publique ne soit jamais plus en votre faveur. Même si notre système judiciaire canadien ne vous donne qu'un camouflet, sachez au moins le prendre en homme.

Chaque matin, demandez-vous comment se serait déroulée la vie de vos 9200 victimes si vous ne les aviez pas soulagées de 130 millions. C'est le minimum que vous nous devez.