Samedi dernier, j'ai pu vérifier la pertinence de toutes les campagnes dénonçant l'ivresse au volant et la conduite en état d'ébriété. Voici une aventure qui en dit long sur la qualité du travail policier sur les autoroutes de la région montréalaise.

Vers 19h, je quitte Saint-Eustache en direction de Blainville. Sur la 640 à la hauteur du boulevard Arthur-Sauvé, je dois dépasser une Toyota Tercel noire qui roule à 60 km/h avec une roue de secours. Elle zigzague entre les lignes. Au moment où je la dépasse, la Tercel se tasse vers moi. Ma fille m'avertit que deux passagers boivent de la bière! La Tercel s'éloigne après mon coup de klaxon et je constate que deux jeunes assises sur la banquette arrière ont des bouteilles de bière à la main. Trois gars et une fille s'y trouvent. Vingt ans au maximum.

 

Étant bénévole depuis plusieurs années à Nez rouge, je suis plutôt intolérant en matière d'alcool au volant. Et nous soupçonnons fortement que la conductrice est aussi en état d'ébriété. Ma fille prend mon cellulaire et nous appelons la SQ (*4141). J'informe le répartiteur de la conduite erratique, voire dangereuse de cette jeune fille. Il me demande le numéro de la plaque, que je ne peux lui donner, étant maintenant loin devant la Tercel.

Je ralentis néanmoins afin de suivre sa progression et de pouvoir l'indiquer au répartiteur. Je me range sur le côté à la sortie Boisbriand afin de la laisser passer. Le répartiteur m'avise que les policiers sont en route. Juste avant la sortie pour la 15, un des jeunes lance une bouteille vide par la fenêtre de droite. Puis celui de gauche lance un bouchon qui atteint l'aile arrière d'une voiture qui les dépasse. Je suis toujours en communication avec le répartiteur, à qui je mentionne ces faits et réitère l'urgence d'intervenir avant qu'un drame se produise.

À Sainte-Thérèse, on aperçoit une voiture de patrouille de la sûreté municipale, mais elle n'intervient pas!

Nous avons suivi la Tercel jusqu'aux limites de Repentigny. Trois autres bouteilles plus tard! Dont une qui s'est brisée devant nous après qu'elle eut été lancée dans les airs. Nous avons noté au moins trois quasi-collisions avec des voitures qui la dépassaient. Mais aucune trace de la SQ. Nous avons même changé de répartiteur en cours de route puisque nous passions dans Lanaudière!

Lorsque, à environ 1km de la sortie Montée des Pionniers, les jeunes se sont arrêtés pour uriner, nous avons continué et pris la sortie pour revenir vers Blainville. Nous les avons alors perdus de vue.

Je trouve inconcevable qu'aucune patrouille de la SQ ou d'une sûreté municipale ne soit intervenue durant les 30 minutes qu'a duré notre filature. La vie de ces jeunes et surtout de celle des automobilistes qui les ont croisés était en danger. Mais je suppose qu'on juge qu'il est préférable de ramasser les cadavres après plutôt que d'intervenir avant! On pourrait au moins nous dire de ne pas les suivre et qu'on n'a pas le temps de s'en occuper. Nous aurions épargné une heure et quelques litres d'essence à défaut de sauver des vies. En revenant de Blainville, sur la 15-Sud, un panneau lumineux affichait ce message: «Surveillance policière accrue»! Mon oeil!

L'auteur réside à Saint-Eustache.