Il y a cinq ans, ma compagne et moi avons décidé de ne plus avoir d'automobile. Vivant à Montréal, nous nous sommes dit qu'il y a la marche, la bicyclette, les transports en commun, les taxis et la possibilité de louer occasionnellement des bagnoles.

Depuis plusieurs mois, nous nous interrogeons sur notre choix. En effet, quoi qu'en disent des politiciens des divers niveaux de gouvernement, les transports en commun ne progressent pas! Ils régressent! Et ils régressent dangereusement!

 

Vivant dans le quartier Côte-des-Neiges, nous prenons assez souvent l'autobus 165 (Côte-des-Neiges), l'autobus 161 (Van Horne) et l'autobus 129 (Chemin de la Côte-Sainte-Catherine). Je dirais qu'au moins une fois sur trois ces autobus sont bondés, plus que bondés. Je dirais que, de manière régulière, surtout pendant les grandes froidures hivernales, ces autobus sont en retard ou ne passent pas.

Et comme le civisme et la civilité ne sont plus la norme, rares sont les jeunes et bien-portants qui cèdent leur place aux «autres». Samedi dernier nous avons pris l'autobus 165, près de la rue Van Horne. Il était bondé et à chaque arrêt dix ou quinze nouveaux passagers y montaient. La moyenne d'âge était élevée. Nous avons remarqué que les places assises étaient occupées par des jeunes et que de nombreuses personnes âgées ont dû rester debout jusqu'au métro Guy-Concordia. Une jeune fille voilée a eu la prévenance de demander à ma compagne si elle voulait bien prendre sa place.

En fait, je pourrais quasiment écrire un livre de 200 pages sur tout ce qui se passe dans les transports en commun, surtout dans les autobus. J'ai assisté à des incidents raciaux (et racistes) qui auraient pu dégénérer, j'ai noté la prédominance de l'anglais et j'ai failli me faire casser la figure (ou poignarder) pour des raisons linguistiques (je suis un «maudit» French Canadian).

Je ne veux plus jamais entendre un seul politicien qui aurait l'audace de nous parler du virage en faveur des transports en commun!

jean-serge baribeau

L'auteur est sociologue.