Jacques Fauteux est mort. Trop rapidement. Il a exercé son métier d'une façon brillante et exceptionnelle. Amant de la langue française, il possédait une voix ronde, chaude, amicale, intimiste. Toujours dans le ton, il jouissait visiblement du pouvoir de manier les mots, de trouver la bonne expression, de placer la bonne réplique au bon endroit.

Jacques Fauteux était, à lui seul, une symphonie du bon parler français. Il a su, pendant toutes ces années consacrées à la radio et à la télévision, faire aimer la langue française, se sentant sans cesse agacé par ceux qui ne la maîtrisaient pas, qui la charcutaient, qui la baragouinaient. Il était un modèle dans l'art de l'élocution, de l'expression. Il était sans doute gêné de voir cette qualité de la langue se perdre dans l'amoncellement actuel des nouvelles qui n'ont pour but que de faire la une et de devancer le concurrent.

Jacques Fauteux n'était pas de ce monde factice et artificiel. Parfois, dans la cour des grands, se cache, sous l'allure de l'effacement et d'une certaine gêne discrètement dissimulée, la stature du géant. Le temps doit sculpter, quelque part, cette noble figure, tout simplement pour faire mémoire.