Un hôpital est un bâtiment dynamique, vivant, qui bat au rythme quotidien des soins qui y sont prodigués, qui doit croître selon les besoins de ses usagers, de ses employés et évoluer selon les exigences des nouvelles technologies.

Depuis quelques semaines, les PPP sont ouvertement remis en question par les ordres professionnels d'architectes et d'ingénieurs, et par plusieurs groupes d'usagers du CHUM et ils ont raison. Le mode PPP n'est absolument pas adapté pour la construction d'un hôpital, contrairement, par exemple, à un pont qui est un ouvrage statique et qui n'a besoin que d'un entretien régulier et prévisible.

 

Dans ce contexte des PPP, les ministres responsables ont fait des déclarations déconcertantes sur les modes de gestion de construction, sur le partage des risques, sur l'évolution des échéanciers et le contrôle des coûts. Ces déclarations indiquent une très mauvaise connaissance du dossier. Si la situation est si évidente pour les spécialistes, pourquoi alors attendre encore six mois pour décider d'annuler les PPP et changer de mode de construction? Sont-ils les seuls à avoir raison?

Si les PPP sont finalement abandonnés, le gouvernement fera face à des poursuites de plusieurs dizaines de millions de dollars de la part de promoteurs et de bureaux de professionnels qui auront alors travaillé pour rien. On aura perdu six mois et ces mêmes professionnels en conflit seront ceux qui possèdent présentement l'expertise dont a besoin le projet. Beau dilemme!

L'attitude attentiste et l'opportunisme politique du gouvernement québécois provoquent actuellement une désaffection et un désistement marqués des professionnels attachés à ce projet. Ces derniers, qui sont traités avec méfiance dans leur propre expertise et spécialité, selon la structure actuelle des PPP mise sur pied par les avocats et les comptables de l'entourage gouvernemental, seront, qu'on le veuille ou non, les partenaires et les collaborateurs de confiance de demain du gouvernement pour la réalisation de ce projet. Quelle atmosphère de travail!

Plus de 300 millions ont déjà été dilapidés, c'est assez! Il faut donc prendre maintenant la décision d'annuler les PPP, tourner la page, recréer un contexte de travail de confiance et laisser aux experts de la construction le soin de structurer un mode de réalisation qui a fait ses preuves et qui ralliera toutes les énergies. Et tant qu'à faire, on pourrait penser changer de site. L'expertise est ici, prête à travailler avec fierté. Plusieurs grands projets totalisant plus de 1 milliard de dollars - l'aéroport de Dorval et les nouveaux pavillons de l'Université de Montréal, pour n'en nommer que quelques-uns - ont été exécutés dans les dernières années selon un mode de réalisation connu, sans dépassement de coûts et dans le respect des besoins du client et des échéanciers.

Il faut absolument que le CHUM soit construit selon un mode traditionnel ou en gérance de projet, mais surtout pas en PPP. Sinon, ce projet deviendra un fouillis honteux plus important et plus coûteux que le Stade olympique, ce qui n'est pas peu dire. Et ce sera encore plus dramatique, car ces bâtiments sont vitaux pour le bien-être de la société. Il est encore temps de renverser la vapeur. Maintenant.

L'auteur est un ingénieur qui réside à Laval.