Il y a 50 ans, le 30 mai 1959, le mariage de Micheline Godbout et de Clément Brochu était célébré dans l'ancienne église Saint-Henri. Malheureusement, l'église, construite vers 1869 et riche témoin de la vie d'un quartier, a été démolie en 1968 pour faire place à l'actuelle polyvalente Saint-Henri.

C'est en 1967 que la CECM et le ministère de l'Éducation discutent de la possibilité de construire une école à Saint-Henri. Il n'a pas fallu à cette époque beaucoup de temps pour agir puisqu'en 1968, on procède déjà à l'expropriation et à la démolition des bâtiments situés à l'intérieur du quadrilatère formé par les rues Saint-Antoine, Saint-Ferdinand, Saint-Jacques et du Couvent.

 

Pour construire l'école, il en aura coûté 6,3 millions de dollars. Sans compter le coût des expropriations. Pourquoi avoir choisi ce site en particulier et pas un autre? Il semble que la plupart des édifices démolis appartiennent à la CECM, mais que ce n'est pas le cas entre autres pour l'église Saint-Henri qu'elle doit acheter pour 700 000$ et le foyer Saint-Henri pour 825 000$. Plusieurs autres édifices ont également disparu, dont le collège Saint-Henri et la résidence des Frères, l'Académie Sainte-Mélanie, l'école Saint Thomas Aquinas et enfin l'école Saint-Raymond (anciennement le Pensionnat de l'Ange Gardien des Soeurs Sainte-Anne).

Pour faire place à du neuf, il aura donc fallu démolir de nombreux édifices qui ont eu une importance majeure dans la vie de ce charmant quartier qui a inspiré Gabrielle Roy pour son Bonheur d'occasion. Mais, malheureusement, à cette époque ce n'était pas une priorité au Québec de conserver le patrimoine architectural.

Il est maintenant trop tard pour revenir en arrière, l'église Saint-Henri, appelée Saint-Henri-des-Tanneries à l'origine, à cause justement de son histoire, ne renaîtra pas de ses cendres. On ne peut que souhaiter que de telles actions ne se reproduisent plus envers notre patrimoine. L'église Saint-Henri aurait mérité qu'on la destine à une autre vocation utile, par exemple des logements, un lieu à vocation culturelle ou communautaire.

Il existait pourtant une volonté dès 1920 de conserver le patrimoine.

Aujourd'hui, on ne peut heureusement plus démolir n'importe quoi. Il existe la Loi sur les biens culturels adoptée le 8 juillet 1972 qui vise à sauvegarder et mettre en valeur les éléments les plus représentatifs et les mieux conservés de notre patrimoine. Et l'organisme Héritage Montréal, fondé en 1975, intervient afin de promouvoir et protéger le patrimoine architectural, historique et culturel du Grand Montréal.

L'auteure est architecte.