Un système de soins de première ligne efficace est la principale stratégie d'organisation à privilégier. Les derniers chiffres de Statistique Canada sur le manque de suivi des citoyens auprès de médecins de famille et les données du ministère de la Santé sur l'engorgement perpétuel des urgences dans les hôpitaux sont révélateurs d'un manque de coordination et de cohérence dans l'organisation des soins de santé. Par ailleurs, les ressources en soins primaires semblent insuffisantes et encore peu intégrées au reste du réseau.

Un suivi préventif et curatif auprès d'acteurs de soins primaires est un préalable pour des services de santé coordonnés et continus lors d'un épisode de maladie. Pour montrer l'importance qu'accorde la Grande-Bretagne aux soins de première ligne, les groupes de soins primaires, Primary Care Trust, contrôlent jusqu'à 75% du budget de la santé. Ces sommes permettent de suivre le patient lors d'épisodes de maladie. En réglant cette problématique, il y a fort à croire que les urgences seront grandement aidées dans leurs efforts d'offrir des soins de qualité. La pression du nombre de patients devrait être mieux répartie entre différentes structures de soins primaires.

 

Pour pallier des problèmes similaires, plusieurs pays ont opté pour un regroupement de médecins de famille et la constitution de réseaux de groupes de soins primaires. Les médecins sont encouragés à travailler en nombre suffisant avec des infirmières et d'autres intervenants communautaires. Des plateaux techniques sont disponibles pour qu'il y ait diagnostic rapidement. Les cliniques sont informatisées et mises en réseau avec d'autres ressources médicales et communautaires. De plus, les pratiques cliniques sont offertes sept jours sur sept, 24 heures sur 24.

La commission Clair avait fait le même constat en 2001. Il était proposé de créer un véritable réseau de groupe de soins primaires, les Groupes de médecine familiale (GMF). Le premier ministre de l'époque avait même annoncé la création de 300 GMF dans la première année d'entrée en fonction de ces nouvelles structures. Aujourd'hui, en 2009, le Ministère compte 193 GMF.

Cette réorganisation des soins de première ligne implique, entre autres choses, la poursuite de l'implantation de GMF à la lumière des travaux d'évaluation menés par le MSSS et la recherche d'innovation dans l'organisation des services. Sur ce point, les coopératives de santé, qui comprennent un partenariat avec les citoyens, apparaissent comme une innovation intéressante.

D'autres facteurs nuisibles sont également à prendre en considération, tel le nombre de jeunes médecins qui se dirigent vers la médecine familiale. Les jeunes médecins sont la relève. Ils ont l'énergie et les idées pour bâtir des cliniques de santé informatisées et en réseau. Il faut réduire les barrières organisationnelles qui repoussent ces derniers à choisir la médecine familiale et les inciter à la productivité en adaptant leur mode de rémunération en conséquence.

Par exemple, les jeunes médecins qui choisissent de travailler en GMF pourraient être exemptés de faire des activités médicales particulières (AMP), qui grugent du temps qui leur est nécessaire pour fonder leurs cliniques médicales de première ligne essentielles au suivi des citoyens. Il faut revoir ces clauses orphelins qui n'ont plus leur place en 2009.

En avril dernier, une première rencontre de la table de concertation sur la médecine familiale a été organisée avec les représentants de plusieurs secteurs du milieu de la santé. Elle avait pour objectif de donner un nouvel élan à la médecine familiale. Elle a débouché sur des groupes de travail qui doivent étudier certaines problématiques liées à la médecine familiale. Espérons qu'une véritable politique de soins primaires émergera où médecins, infirmières, gestionnaires et citoyens seront mis à contribution pour la création d'un réseau de groupe de soins primaires efficaces.

L'auteur est président du Groupe Espace Santé, qui cherche à favoriser l'émergence d'une conscience politique chez les acteurs du réseau de la santé.