Michèle Ouimet a rédigé un bon dossier sur le décrochage scolaire. Bravo! Certains points de sa chronique publiée le 6 mai méritent cependant des mises au point.

Le rapport Savoir pour pouvoir ne serait pas à la hauteur des attentes de Mme Ouimet. Ce rapport est issu d'une initiative citoyenne mise de l'avant par des personnes inquiètes du taux de décrochage scolaire chez nos jeunes. Des gens qui ont compris que le décrochage constitue un défi de société. Des gens qui réalisent que l'école, à elle seule, ne peut régler le problème. Des gens qui n'ont pas attendu que l'État leur confie un mandat pour agir. Des gens qui ont décidé, bénévolement, d'apporter leur contribution, dans le plus grand respect des prérogatives et des expertises de chacun des intervenants dans ce problème tellement complexe qu'est le décrochage scolaire.

 

Le Groupe a donc analysé plus d'une dizaine d'initiatives (au Québec, ailleurs au Canada et aux États-Unis) qui remportent des succès incontestables et dont les interventions font l'objet d'un suivi rigoureux et d'une documentation précise. Des dizaines de rencontres ont été tenues avec des experts, dont certains responsables des initiatives étudiées. Le groupe a aussi regardé de près ce qui se fait au Québec. Et, il s'en fait beaucoup, avec générosité et dévouement.

C'est à partir de ce travail considérable que des propositions d'action ont été structurées et offertes aux intervenants de tous les niveaux. Je dis bien offertes. Personne n'impose rien à personne. Personne ne donne de leçon à quiconque. À chacun ses libertés. D'autant plus que notre rapport insiste sur le fait qu'il n'existe pas de recette magique pour contrer le décrochage. Chaque région, chaque ville, chaque quartier présentent des caractéristiques propres. Les déterminants du décrochage varient même d'un décrocheur à l'autre. Pourquoi ne pas essayer d'apprendre de l'expérience des autres, tout en nous méfiant des généralisations illusoires?

Des personnes dévouées

Par ailleurs, Mme Ouimet affirme que notre rapport a été écrit par des gérants d'estrade.

Il faut au moins réaliser que Savoir pour pouvoir a été conçu et écrit avec l'aide d'un comité de pilotage qui compte près d'une trentaine de personnes dévouées et qui consacrent beaucoup d'énergie à lutter contre le décrochage. Plusieurs travaillent sur le terrain, quotidiennement, à aider les jeunes. Ils peuvent vous en raconter long comme ça sur ce qui motive ou pas ces jeunes à poursuivre leurs études. Sur ce qui les amène à décrocher ou à persévérer. Ce sont toutes ces personnes et les organismes qu'elles dirigent que vous désavouez en les qualifiant de gérants d'estrade. Juste pour vous donner une idée, voici de qui il s'agit: le Dr Gilles Julien qui travaille avec les jeunes de Côte-des-Neiges et du quartier Hochelaga-Maisonneuve, le promoteur convaincu de l'importance de la pédiatrie sociale; le Dr Michel Perron, fondateur du Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean (CRÉPAS), et Marie-Claude Côté, du même organisme qui obtient des résultats très intéressants depuis sa fondation en 1996; Michèle Glémaud, du Carrefour contre le décrochage scolaire; André Caron et Pâquerette Gagnon, de la Fédération des commissions scolaires du Québec; Bineta Ba et Jean-François Lapointe, du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage; Lyse Brunet, de Québec Enfants; Michèle Thibodeau-Deguire et Claude Masse, de Centraide; Pierre Côté, de Toujours Ensemble; Jean-Marc Chouinard et Sophie Harnois, de la Fondation Lucie et André Chagnon; Jean-Pierre Hotte, de l'Association des centres jeunesse; et sept sous-ministres de ministères directement concernés par le décrochage.

Ces personnes engagées au quotidien dans la lutte contre le décrochage méritent notre plein respect, voire notre admiration. Des gérants d'estrade comme eux, souhaitons qu'ils s'en manifestent aux quatre coins du Québec, car c'est la seule façon de réussir notre combat contre le décrochage scolaire.

L'auteur est président du groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires.