Alea jacta est; vous m'avez eu. Après au-delà de 39 ans, j'ai décidé de vendre mon immeuble à revenus, étant incapable de gérer le stress causé par quelques locataires astucieux qui ont su utiliser le système de la Régie du logement à leur avantage.

Voici mon premier cas lourd, le pire en 39 ans. Il s'agit d'un 61/2 au rez-dechaussée d'un triplex: loyers toujours en retard, ils ne répondent ni à la porte ni au téléphone. Je prends les procédures à la Régie. J'obtiens jugement en ma faveur ordonnant paiement et expulsion. À cause d'un jugement pas clair, j'engage un avocat pour faire clarifier la décision. Le jugement est donc amendé. La journée de la saisie, le locataire demande une remise, alléguant être arrivé en retard à l'audition à cause d'un bouchon de circulation. Sa demande est acceptée; et à la nouvelle audition, il ne se présente pas, ne paie pas et il déménage en douce à mon insu. Je perds donc six mois de loyer, plus d'autres dépenses pour réparations. Avec une loi améliorée, j'aurais été moins perdant, eu moins de stress et, en plus, l'éviction aurait pris moins de six mois.

 

Deuxième cas : même année, même triplex, un autre 61/2 avec trois chambres à coucher fermées, chauffé, impeccable, loué à un jeune couple de professionnels bien futés qui contestent tous les ans les augmentations qui n'excèdent même pas l'indexation au coût de la vie. Ils croient comme bien d'autres d'ailleurs qu'un propriétaire ne doit pas augmenter le loyer, s'il n'a pas fait de rénovations à leur logement.

Il y avait au rez-de-chaussée un petit 31/2 et un petit commerce; l'immeuble était donc classé commercial. Afin de donner une meilleure apparence à la bâtisse et une meilleure qualité de vie aux deux logements du dessus (moins de va-et-vient et moins d'odeurs fortes causées par le salon de manucure), j'ai décidé de convertir le rez-de-chaussée en un 61/2, au lieu du commerce et du 31/2. L'immeuble est donc complètement transformé.

Les réparations terminées ont coûté au-delà de 22 000 $. À cause de la disparition du commerce, le rez-de-chaussée rapporte 50$ de moins par mois, mais les primes d'assurances ont baissé de 60%. Évidemment, les locataires du dessus vont subir des réductions sur leur police locataire-occupant puisqu'ils ne demeurent plus dans un immeuble commercial.

Donc, j'augmente les deux logements du dessus de 2,5%, mais l'un deux conteste. La Régie refuse de tenir compte des altérations au rez-de-chaussée, mais réduit le loyer de 4,5% à cause de la réduction des primes d'assurances. Alors, à quoi ça sert de rénover un immeuble s'il faut s'attendre à une telle déception? C'est une décision non équitable. Voulant 'sortir de ma cage à homards', j'ai vendu l'immeuble acheté il y a plus de 39 ans. La Régie m'a eu à l'usure. La Régie de l'énergie alloue cette année une augmentation à Hydro-Québec de 2,9%, le Régime des rentes augmente ses prestations de 2,1%, le salaire minimum, semble t-il, sera augmenté de 5,5% en mai 2009, le coût de la vie est au-delà de 2%, mais la Régie du logement balisait les augmentations à 1,6% pour 2008.

Où est donc l'équité envers les propriétaires de maisons à logements? Peut-on blâmer les propriétaires des maisons à logements du Plateau-Mont-Royal d'avoir presque tous converti leur immeuble en condos ou copropriétés? Espérons que la refonte de la loi incitera les investisseurs à conserver, rénover ou construire de nouveaux immeubles locatifs afin d'éviter une rareté de logements.

L'auteur de la lettre de la semaine, Jean-Louis Gouin, recevra une copie laminée de cette page

l'auteur habite à Montréal