Dans son budget, le gouvernement fédéral tente de soutenir notre économie aux prises avec les répercussions d'une grave récession mondiale. Ce budget constitue donc une preuve de plus que l'activisme fiscal a toujours sa place, surtout quand la politique monétaire a presque atteint ses limites. Il s'agit, en fin de compte, d'un coup de pouce raisonnable pour la demande intérieure en attendant des jours meilleurs... aux États-Unis et en Chine!

Force est de constater que l'enveloppe est considérable, mais trop dispersée. Le plan fiscal tire dans plusieurs directions pour essayer de plaire au plus grand nombre de personnes possibles, ce qui est probablement inévitable dans le contexte d'un gouvernement minoritaire.

Il serait aussi injuste de parler de budget uniquement «fédéral» puisque l'effort de relance de 52 milliards de dollars sur deux ans compte sur la participation des provinces et des municipalités (12 milliards). Dans ce plan, un dollar a été divisé ainsi: 77 cents en mesure de dépenses, le reste en allègements fiscaux. Puisqu'une certaine incertitude plane au sujet de la réponse des ménages et entreprises par rapport aux baisses d'impôts, il fallait que le gouvernement se rabatte sur les dépenses afin de prendre le taureau - l'économie - par les cornes.

Ainsi, parmi toute la panoplie de mesures annoncées, certaines sont efficaces pour secouer notre économie, d'autres non. Dans l'ensemble, celles touchant les infrastructures, le secteur de la construction, et l'accès au crédit auront des effets bénéfiques importants, alors que l'allègement fiscal pour les particuliers sera plus «rentable» politiquement.

Parmi les bons coups, Ottawa s'est notamment montré à la hauteur au chapitre des infrastructures. La récession en cours était l'occasion d'augmenter les dépenses pour rénover et construire ponts, routes, réseaux d'eau, en raison de son effet multiplicateur substantiel. Pour chaque dollar dépensé, les retombées sont estimées à 1$ en 2009 et 1,50$ en 2010. Ainsi, près de 40% du plan de 52 milliards seront attribués aux infrastructures. Le secteur de la construction est un autre engrenage de choix utilisé pour un effet boule de neige.

Qui plus est, l'accès au crédit est favorisé, notamment avec le rachat supplémentaire de prêts hypothécaires visant à assurer aux institutions financières une source de liquidité abordable. Les entreprises accueilleront aussi avec enthousiasme l'injection de 13 milliards dans les sociétés d'État, facilitant l'accès au crédit. Finalement, la création de la Facilité canadienne de crédit garanti permettra l'achat de titres adossés à des actifs garantis par des prêts (véhicules et matériel) jusqu'à un maximum de 12 milliards.

En fin de compte, un compromis raisonnable a été mis en oeuvre dans ce budget. D'une part, le gouvernement fédéral réussit à relancer l'économie à court terme avec un plan représentant 1,9% du PIB. D'autre part, celui-ci évitera de s'encombrer de déficits structurels comme dans les années 80.

L'auteur est économiste en chef de la Banque Laurentienne.