Le championnat mondial de hockey junior 2009 vient de se terminer par une victoire de la formation unifoliée qui a ainsi récolté l'or pour la cinquième année consécutive.

Il n'en demeure pas moins que les propos de l'entraîneur-chef Pat Quinn sur les joueurs du Québec et la sous-représentation québécoise au sein de l'équipe nationale ont créé bien du remous dans les chaumières de la Belle Province. Comme à l'habitude, le Tout-Québec s'est mobilisé pour trouver des explications au marasme dans lequel est embourbé «notre» hockey. Après tout, n'est-ce pas notre sport national?

 

S'ils ne datent pas d'hier, les problèmes du hockey sur glace au Québec sont beaucoup plus profonds et complexes que le vernis qu'on a bien voulu gratter jusqu'ici. Il est toutefois regrettable de constater que les difficultés soulignées aujourd'hui étaient les mêmes hier et que rien n'a été fait pour que les choses changent... Car elles pourraient être bien différentes aujourd'hui.

Comme la mémoire est une faculté qui oublie, il convient de rappeler qu'un programme-cadre sur le développement de l'élite1 avait été proposé dans le cadre du septième colloque sur la recherche appliquée au hockey présenté à l'Université Laval en 1982. Ce rapport faisait état de la situation dans laquelle se trouvait alors le hockey au Québec à l'époque: entre autres choses la sous-représentation au sein de l'équipe nationale junior et le nombre restreint de joueurs de calibre junior originaires du Québec sélectionnés lors du repêchage de la Ligue nationale de hockey (p.38). N'est-il pas curieux de constater que ces problèmes sont toujours aussi criants aujourd'hui?

Changer les choses

Dans ce document de 187 pages, on proposait des solutions à partir d'une argumentation solide pour changer les choses. On souhaitait surtout créer un niveau de compétition élevé afin de permettre aux hockeyeurs de chez nous de se développer adéquatement. En conséquence, on souhaitait regrouper 120 à 140 joueurs ayant les aptitudes et les attitudes nécessaires à la pratique du hockey sur glace au plus haut niveau avec une ligue midget AAA et une ligue junior à six équipes.

On pourra argumenter que ce projet était utopique, voire irréaliste. On peut aussi le qualifier d'avant-gardiste, possible dans le midget AAA, plus difficile d'application au niveau junior, géré par l'entreprise privée. Il faut toutefois constater qu'avec environ 320 joueurs dans la Ligue de hockey midget AAA (pour 16 équipes) et 530 joueurs nés au Québec sillonnant les patinoires de la Ligue de hockey junior majeure du Québec (pour 18 équipes), notre hockey n'a pas progressé depuis 1982. On est même en droit de se demander s'il n'a pas régressé.

Est-il trop tard pour changer les choses? Il y a plutôt lieu d'être pessimiste. Avec ce programme-cadre, Hockey-Québec avait dans les mains tous les outils pour apporter des correctifs. Elle en avait les moyens mais, pour différentes raisons qu'elle connaît très bien, elle a préféré agir avec le minimum d'effort.

Parce qu'elle est embourbée dans sa bureaucratie, à la merci de puissants lobbies, elle n'est pas prête à redresser la barre. En conséquence, nous n'avons pas fini de pleurer sur notre sort et c'est bien triste qu'il en soit ainsi. Cependant, on doit se demander si, au fond, nous n'avons pas le hockey que nous méritons quand on regarde les résultats qui sont obtenus actuellement.

1 Pelchat, Christian et al. Le développement de l'élite québécoise. Septième colloque sur la recherche appliquée au hockey, Université Laval, 30 avril, 1er et 2 mai 1982, Actes du colloque, volume I. 187 pp.

L'auteur est éducateur physique et a été entraîneur au hockey mineur de 1972 à 1992.