Tout d'abord, il faut féliciter Jean Charest et le Parti libéral pour leur victoire. Il faut admettre que compte tenu des résultats des élections de 2007, nul n'aurait parié sur une renaissance aussi spontanée du PLQ et de son chef. En fait, au lendemain des dernières élections, la plupart des analystes pariaient plutôt sur le sursis dont jouirait Jean Charest avant qu'un «putsch» se fomente contre lui.

Or, rien de cela ne s'est produit, parce que Jean Charest a pris la géniale décision, dès le lendemain du scrutin, de changer son entourage et, surtout, d'écouter sa nouvelle équipe de stratèges. Il faut à ce titre reconnaître aujourd'hui que John Parisella et Michel Bissonnette ont réalisé un travail exemplaire en: 1) mutant Jean Charest afin qu'il projette une image sympathique aux Québécois et 2) retirant le PLQ de tout sujet controversé, tel que le Mont Orford, ou la réingénierie de l'État.

En fait, au lieu de procéder à la réingénierie de l'État, le PLQ a plutôt procédé à la réingénierie de Jean Charest. Au terme de l'exercice, le Québec n'a peut être pas progressé, mais le PLQ oui.

Pour l'ADQ, l'impact de cette élection est marquant. Le parti, comme Mario Dumont d'ailleurs, a perdu ce qu'on appelle la chance du débutant. C'est une brutale arrivée dans la cour des grands.

Oui, brutale, très brutale; pour tous ses députés, plus jeunes que vieux, qui n'auront même pas eu le temps d'exprimer leurs talents. Ces députés qui devront bientôt faire leurs boîtes et emporter avec eux l'ingratitude de la vie politique.

J'en connais plusieurs, personnellement, et la plupart d'entre eux ne méritaient pas les épithètes méprisantes qu'on leur a souvent attribuées. Certes, ils ne parlaient pas précieusement et ils n'avaient pas de doctorat, mais ils avaient du coeur au ventre.

Le jugement est également brutal pour l'organisation du parti. Pour ceux qui, au lendemain de la dernière élection, ont conseillé à Mario Dumont d'adopter une allure de chef d'État, d'avoir l'air sérieux. Alors que l'une de ses plus belles qualités avait toujours été d'avoir du plaisir à faire de la politique.

En fin de soirée, Mario Dumont a annoncé qu'il se retirerait bientôt de la vie politique. C'est une décision qui forcera bien sûr une réflexion profonde sur le parti de l'ADQ, son organisation et ses orientations.

Mais c'est surtout une décision qui honore l'homme qui l'a prise et qui témoigne de sa fidélité envers ses valeurs profondes. Mario Dumont a toujours été près des siens, de sa femme et de ses enfants, et c'est pour eux qu'il a pris cette décision.

Mario Dumont est, dans l'histoire politique récente du Québec, la seule personne à avoir fondé et bâti un parti politique de toutes pièces. Dans le contexte de sa décision, l'heure n'est pas à l'analyse ou à la tergiversation, mais plutôt à la reconnaissance de l'oeuvre.

L'auteur est un avocat, sympathisant de l'ADQ.