L'auteur est médecin. Son texte est cosigné par les autres médcins suivants: Thierry Bégin, Vanessa Béliveau, Sylvie Bourgouin-Couillard, Sylvie Bouchard, Martin Chénier, Juan Carlos Chirgwin, Raoul Daoust, Pierre Desaulniers, Vincent Dumont Mackay, Michael Dworkind, Sophie Gosselin, Caroline Grégoire, Adam Hofmann, Valérie Hurteloup, Géraldine Jacquemin, Alain Kortbaoui, Daniel L'Abbé, Paul André Lachance, Raymond Lalande, Alexandre Larocque, Jean Levasseur, Ann Marie Lonergan, Emmanuelle Manny, Mau Huan Nguyen, Hélène Pelletier, Marco Poisson, Diane Poirier, Natalie Ponnet, Marie-Andrée Roy, Karine Sanogo, François Scarborough, Éric Sigman, Anne Thibault et Alain Vadeboncoeur.

M. Thierry Vandal, président-directeur général, Hydro-Québec

Hydro-Québec a pris la décision l'été dernier d'aller de l'avant avec la réfection de l'unique centrale nucléaire du Québec, Gentilly-2. Cette décision nous semble totalement injustifiée, et ce, pour plusieurs raisons.

 

Tout d'abord pour des questions de santé: deux études récentes ont démontré une incidence de cancers et surtout de leucémies particulièrement élevée en périphérie de plus de 136 centrales nucléaires dans le monde, ce qui nous inquiète vivement.

Ensuite, le réacteur canadien CANDU libère une quantité importante d'eau radioactive, le tritium, à des niveaux jugés dangereux par plusieurs experts canadiens et internationaux. Le rapport du BAPE de 2005 confirmait d'ailleurs ces niveaux élevés dans l'eau souterraine et dans l'eau de résurgence en hiver, ainsi que dans le lait des vaches et dans des légumes de la région de Gentilly.

Ensuite, pour des raisons de sécurité: doit-on rappeler que l'on a pas encore, à ce jour, une solution adéquate et totalement sécuritaire de gestion des déchets nucléaires nulle part dans le monde? Ceux-ci continuent donc à s'accumuler sur le site de la centrale et constituent un risque sérieux d'accidents.

Injustifiée aussi pour des raisons d'énergies renouvelables. Les stocks d'uranium relevés sur la planète ne dureront que quelques dizaines d'années tout au plus. Et extraire l'uranium des fonds marins causera une pollution inacceptable dans nos océans déjà très malmenés. Investir dans le nucléaire est investir dans une technologie coûteuse, dangereuse, et qui ne durera que peu de temps.

Il y a d'autres raisons qui font de Gentilly-2 une aventure inacceptable. Cette centrale n'est certainement pas essentielle à notre sécurité énergétique: elle ne fournit que 3% de l'énergie québécoise. Hydro-Québec a annoncé en août que sa réfection coûterait 1,9 milliard de dollars. Or, des évaluations indépendantes qui incluent le coût de la gestion des déchets et du déclassement éventuel chiffrent plutôt l'aventure à plus de 5 milliards, soit à plus de 19 cents/kWh, ce qui est extrêmement élevé. Il serait de loin préférable d'investir dans les énergies renouvelables, beaucoup moins coûteuses et certainement plus sécuritaires sur le plan de la santé et de l'environnement.

Nous demandons donc un moratoire immédiat sur ce projet et qu'une enquête publique soit mise sur pied. Il est en effet fondamental que tous les individus et groupes intéressés puissent se prononcer sur les enjeux énergétiques au Québec, car il s'agit bien là de choix de société absolument fondamentaux.