La quasi-victoire de l'ADQ en 2007 avait quelque chose de terriblement artificielle. Des péquistes déçus de leur parti et des libéraux insatisfaits de leur gouvernement se sont trouvés en véritable état d'errance politique. L'ADQ est alors apparu comme un abri accueillant. Ils s'y sont réfugiés provisoirement et sans véritables convictions. Aujourd'hui, ils partent sans laisser d'adresse!

L'ADQ est née à la suite du refus de Mario Dumont d'appuyer l'entente de Charlottetown. Son projet initial - la raison d'être de son parti - était de redéfinir le statut constitutionnel du Québec au sein du Canada sur la base du rapport Allaire. Le tout s'est transformé dans une évocation de réforme constitutionnelle édulcorée et dans un engagement à défendre l'autonomie. Or, Mario Dumont ne peut quand même pas être perçu comme étant plus autonomiste que le PQ! Il est même absolument incapable de soutenir avec autorité que le gouvernement de Jean Charest ne défend pas les intérêts du Québec au sein du Canada.

Il faut, par ailleurs, faire le constat que Mario Dumont n'a pas su trouver le temps (ou n'a pas eu la volonté) de donner une véritable profondeur à son projet politique. Il a limité son action au cadre restreint des instances de son parti et auprès de son équipe parlementaire inexpérimentée. Son intelligence et son talent de politicien lui auront sans doute permis de garder bonne allure sur la scène publique, mais aujourd'hui, il paie le prix de ne pas avoir su mener une véritable réflexion sur les grands enjeux de la société.

Au fil des ans, Mario Dumont a donné à son parti une orientation de droite, une espèce de néo-conservatisme bon enfant. Il s'est fait le critique de la lourdeur de l'administration publique, des faiblesses du système de santé, des dérives de l'école et des besoins des familles; il s'est exprimé (!) sur les problèmes identitaires.

Ce discours de Mario Dumont a certes rejoint les préoccupations de bien des gens, mais trop souvent ses propositions sont apparues improvisées et simplistes. Or, le Parti libéral du Québec et le Parti québécois sont tout autant sensibles que Mario Dumont à ces réalités - ce sont aussi des partis de la classe moyenne -, et surtout, fort de l'expérience du gouvernement et d'une bien meilleure équipe, ils ont un immense avantage, celui de la crédibilité. Leurs propositions moins spectaculaires ont le mérite d'être mieux articulées, plus nuancées et surtout, toujours soucieuses de prendre en compte les exigences de la solidarité sociale, trop souvent ignorés par l'ADQ .

Alors, la question qui tue: si le PLQ et le PQ sont aussi des partis autonomistes et de la classe moyenne, à quoi sert l'ADQ?

Ancien conseiller de Robert Bourassa, l'auteur est sénateur indépendant.