Un gredin de gouverneur de la Louisiane a déjà lancé à la blague que la seule possibilité qu'il puisse perdre les élections qui s'en venaient était «qu'on me trouve au lit avec un garçon vivant ou une fille morte».

C'est là où on en est maintenant avec Barack Obama. À la suite du deuxième débat, la semaine dernière, il faudrait un événement qui sorte vraiment de l'ordinaire pour qu'il perde les élections. En fait, l'effondrement des marchés boursiers et de la crédibilité des républicains pourrait bien être l'élément déterminant d'une victoire écrasante d'Obama.

 

La course actuelle s'apparente à celle de Clinton-Dole en 1996: une bataille entre un jeune démocrate, grand orateur, et un vieux républicain héros de guerre bougon qui n'a pas été en mesure de présenter des arguments convaincants à l'appui de sa candidature. On se rappelle très bien comment l'élection de 1996 s'est terminée pour le républicains.

On peut aussi avancer que la campagne de cette année commence à ressembler à celle opposant Ford à Carter en 1976: un républicain maladroit ayant dumal à se défendre des répercussions d'une économie mal en point et de l'héritage d'un prédécesseur très impopulaire, républicain qui devait affronter un aimable démocrate, personnification du changement. On se souvient très bien combien les quatre années suivantes ont été favorables aux démocrates.

Gravité de la situation actuelle

Ce qu'il y avait de déprimant à propos du débat terne à mourir de mardi dernier était de voir comment ni l'un ni l'autre des candidats ne semblait saisir la gravité de la situation actuelle. Les Américains entendent des mots et des phrases de la bouche des politiciens et des maîtres de la finance qu'ils n'avaient jamais entendus auparavant: «Grande Dépression», «effondrement systémique total «, «abîme», etc. Et pourtant, sauf quelques petite modifications rhétoriques, tant Barack Obama que John McCain poursuivent les mêmes campagnes de base qu'ils mèneraient dans des conditions normales.

La nouvelle n'est pas encore parvenue aux oreilles de nos candidats à la présidence que les États-Unis seront considérablement plus pauvres et moins puissants que naguère. La prochaine administration sera en proie à de tels problèmes fiscaux que tout projet de nouvelles dépenses ou de baisses d'impôts sera difficile à réaliser. En outre, les occasions qui s'offriront aux États-Unis de s'engager militairement à l'étranger en appui à une vigoureuse politique étrangère seront pratiques nulles.

Aucun candidat n'a eu le courage de faire preuve de franchise à l'égard du peuple américain. Mais le pire, c'est que les deux homme sont esquivé la question économique la plus critique soulevée au cours de la soirée: que faire des massives allocations aux dimensions de tsunami qui s'accumulent à l'horizon?

Depuis plus d'une décennie, les économistes ont averti que le gouvernement des États-Unis risque un désastre fiscal s'il a l'intention de continuer à tenir ses promesses quant à la pension de ses babyboomers retraités, et cela, en sus des dépenses du gouvernement en matière de soins de santé. D'ici 2050, le déficit fédéral aura atteint la somme colossale de 53 mille milliards US. Des décennies avant cela, les allocations au titre des pensions et des soins de santé, de même que les intérêts sur la dette, auront accaparé tout le budget fédéral.

Cela fait des années que nous anticipons cet te méga crise. Pourtant, Washington a refusé de s'y attaquer parce que s'il l'avait fait, cela aurait signifié qu'il fallait dire aux électeurs américains quelque chose qu'ils ne veulent pas entendre: rien n'est gratuit.

Je ne peux pas me souvenir d'avoir été si fâché contre les élites de mon pays, à la fois sur la scène économique et la scène politique. Les leaders à Washington, tant républicains que démocrates, ne peuvent plus prétendre obtenir mon vote. N'ayant pas d'autre choix en novembre que de sanctionner le statu quo, j'ai l'intention de ne pas faire usage de mon vote aux élections présidentielles et au Congrès. Se retirer par dégoût n'est pas la même chose que l'apathie

L'auteur est éditorialiste au Dallas Morning News