Ça fait un bout que les discours de nos politiciens, comme les gags de nos humoristes, ont tendance à niveler les choses de plus en plus vers le bas. Pourquoi? Que l'on soit en politique ou en humour, la question est simple: Qui veut-on rejoindre? Je pense que l'on veut rejoindre la plus grosse part de marché possible.

Pour moi, l'humour reste l'un des véhicules ou miroir de notre société dès plus révélateur, il transporte et transmet à l'échelle véritable et actuelle le niveau de langage et de discernement populiste sur une foule de sujets ou de tendances sociétal. Alors, si on trouve qu'en général, il y a trop de laxisme en politique, en éducation...l'humour ne se fait pas dans une bulle antilaxisme.

La différence entre la majorité des politiciens et la majorité des humoristes? Le politicien utilise de plus en plus la langue de bois parce qu'il faut jamais «faire compliqué» pour la populace. L'humoriste lui, utilise de plus en plus la langue « des bois » pour exactement la même raison.

Georges Frêche, homme politique français et président du conseil de la région Languedoc-Roussillon disait, il n'y a pas longtemps: «Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a de 5 à 6%. Je fais campagne auprès des cons et je ramasse des voix en masse. »

En fait, présentement, est-ce qu'il se fait plus de débats politiques intelligents que de shows d'humours intelligents? J'en doute.

Dans La Presse, Guy Nantel, qui vend des shows «intelligents», se disait boudé par les diffuseurs. Je suis surpris qu'il s'en étonne! Il rajoute qu'il séduira : « Le jour où je serai dans une émission qui me ressemble, où on ne misera pas que sur la séduction et la démagogie pour attirer des cotes d'écoute, mais sur quelque chose d'un peu plus consistant. »

Et moi, Guy, je retournerais voter «le jour où il y aura un parti politique qui ne misera pas que sur la séduction et la démagogie pour attirer des votes, mais sur quelque chose d'un peu plus consistant».

Je suis l'auteur principal de l'humoriste Nabila Ben Youssef. Je savais au départ qu'avec «Arabes et cochonne Bio » et maintenant « Drôlement libre », on ne s'adressait pas à la masse. Il me semble que ça devrait être clair aussi pour M. Nantel ? Lui-même - j'ai suivi son évolution dans le monde de l'humour - il a fallu qu'il laisse tomber son écriture trop élitiste du début pour pouvoir commencer à réellement percer après 23 ans en humour. Eh oui, lui aussi, il a fallu qu'il nivelle un peu vers le bas (mais lui, il partait de haut). C'est ce qui lui permet aujourd'hui de rejoindre plus de gens qu'avant.

Les choses ont-elles changé ? Toutes proportions gardées, c'était quoi la cote il y a 40-50 ans, combien y avait-il d'Yvon Deschamps, de Cyniques, de Sol, de Gratien Gélinas qui faisaient de l'humour dit intelligent proportionnellement aux Roméo Pérusse, Blanchard, Ti-Gus, Lucien Boyer et Claude Landré, qui faisaient plus souvent qu'autrement dans le vulgaire et grivois ? Et je vous garantis que je pourrais vous en nommer encore beaucoup d'autres. En fait, il y avait beaucoup plus d'humoristes qui faisaient dans le vulgaire que dans le raffiné. Est-ce que le ratio a changé ?

Alors, on commence par où pour élever les esprits d'un cran ? La prise de conscience doit-elle venir du politique ou de l'humoristique ?

C'est quand même pas les humoristes qui font les normes et les lois qui régissent notre éducation...