Le Canada a l'occasion de déterminer si le monde pourra remporter la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il est également en position de faire une différence majeure au chapitre de la santé des mères et des enfants.

Mais le temps presse, car nous ne sommes qu'à quelques années de 2015, date visée pour l'atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), un ensemble de huit buts pour le développement et la santé, adoptés au début du millénaire par tous les pays membres des Nations unies. De récents développements historiques font foi de ce qu'il est possible de réaliser en présence de volonté politique.

Il y a dix ans, le monde pataugeait péniblement, dans sa riposte au sida, à la tuberculose et au paludisme dans les pays en développement. Des traitements efficaces contre le VIH étaient disponibles depuis 1996 dans les pays à revenu élevé, mais hors d'atteinte presque partout ailleurs où l'on en avait besoin. La propagation du paludisme semblait imparable et la prévalence de la tuberculose se maintenait à un niveau inacceptable. Après un «appel à l'action» de Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été fondé, en 2002, afin d'accélérer considérablement la réponse à ces trois pandémies.

En huit ans d'existence, le Fonds mondial s'est constamment avéré un mécanisme très efficient pour renforcer massivement la réponse mondiale au sida, à la tuberculose et au paludisme. Chaque dollar versé au Fonds mondial est directement alloué au financement de programmes, dans plus de 140 pays; l'organisme ne possède pas de bureaux dans les pays et ses frais de fonctionnement sont presque entièrement absorbés par les revenus de l'investissement des contributions qu'il reçoit.

À la fin de 2010, les programmes soutenus par le Fonds mondial fourniront des médicaments antirétroviraux salvateurs à quelque trois millions de personnes vivant avec le VIH. Le Fonds mondial est aussi le principal bailleur de fonds pour des mesures de prévention des trois infections. Par exemple, seulement en 2009, ses subventions ont permis à 340 000 femmes de prendre des médicaments pour prévenir la transmission du VIH à leur bébé pendant la grossesse. Depuis 2004, il a financé la distribution de plus de 100 millions de filets anti-moustiques imprégnés d'insecticide afin de prévenir le paludisme, et il a grandement intensifié les efforts de prévention de la tuberculose.

Grâce à nos efforts et à ceux de nos partenaires, le nombre de décès liés au sida a reculé, dans plusieurs pays, et le nombre de nouveaux cas d'infection par le VIH dans divers pays de l'Afrique subsaharienne est en baisse. Des réductions de l'ordre de 50 à 80% sont observées dans le nombre de nouveaux cas et de décès du paludisme, dans les pays d'Afrique. La prévalence de la tuberculose à l'échelle mondiale est également en déclin. Au cours des six dernières années, les programmes financés par le Fonds mondial ont sauvé plus de cinq millions de vie -et chaque jour 3600 autres vies sont sauvées et des milliers de nouveaux cas de VIH, de tuberculose et de paludisme sont évités.

Mais les bienfaits sont plus larges encore. Les investissements dans la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme renforcent les systèmes de soins de santé, que ce soit en stimulant la mise sur pied d'infrastructures, comme des laboratoires et des cliniques, ou en rehaussant les compétences des professionnels de la santé.

À l'échelle mondiale, les taux de mortalité maternelle diminuent; ce progrès est toutefois ralenti par l'épidémie du VIH. Un plus grand accès aux soins et traitements pour les femmes enceintes qui vivent avec le VIH doit, par conséquent, faire partie intégrante des initiatives de réduction des risques pour la santé maternelle.

Cette année sera décisive pour la lutte contre les trois pandémies et pour la santé maternelle et infantile. Dans deux semaines, les leaders mondiaux seront réunis à Muskoka et à Toronto, lors des sommets du G8 et du G20. Peu après, les États convergeront à l'Assemblée générale des Nations Unies pour examiner ce qu'il reste à faire pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Puis en octobre, les pays donateurs, dont le Canada, seront réunis pour annoncer leurs contributions respectives au Fonds mondial pour la période 2011-2013.

L'issue de ces réunions déterminera si nous serons capables de poursuivre l'expansion des programmes et de finir par remporter la bataille -ou si notre engagement vacille, laissant s'effriter les progrès.

Les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sont impressionnants mais ils demeurent fragiles. Une réduction ou une stagnation des investissements pousserait hors de portée les objectifs du Millénaire pour le développement -et, concrètement, cela signifie des millions de vies perdues, de familles dévastées et d'économies en difficulté.

À l'opposé, si les donateurs, dirigés par le Canada et les autres États du G8, fournissent les ressources pour nous permettre l'expansion rapide des programmes et interventions en matière de VIH, de tuberculose et de paludisme, nous pourrions arriver à des résultats marquants et historiques. D'ici 2015, nous pourrions éliminer le paludisme des problèmes de santé publique dans la plupart des pays où il est endémique; nous pourrions prévenir des millions de nouveaux cas de VIH et sauver des vies qui autrement seraient emportées par le sida; nous pourrions réduire encore considérablement la prévalence de la tuberculose et la mortalité qui y est associée; nous pourrions pratiquement enrayer la transmission du VIH de la mère au bébé; nous pourrions améliorer considérablement la santé maternelle et réduire la mortalité infantile.

Nous nous devons de relever ce défi. À titre d'hôte du G8 et du G20, le Canada pourrait faire une grande différence pour améliorer la santé maternelle et infantile, si ses initiatives donnent lieu à une action résolue, exhaustive et adéquatement financée, y compris pour la santé sexuelle et génésique des femmes.

Le Canada devrait en outre s'assurer que le G8 tient ses promesses formulées lors de sommets précédents, à savoir la réalisation de l'«accès universel» aux traitements et aux mesures de prévention du VIH. Ce n'est pas le moment de ralentir les efforts mondiaux contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il faut plutôt les redoubler.