Dans un article publié dimanche le 8 janvier, Mélanie Bélanger et Rémi Fraser apportent un avertissement sur l'usage du Ritalin chez les jeunes au Québec. Le diagnostic du trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité est loin d'être toujours évident.

En fait, cette difficulté de diagnostic et les craintes associées à l'usage du Ritalin sont des obstacles majeurs au traitement des enfants qui sont affectés par cette condition. On s'inquiète des conséquences à moyen terme de l'usage du Ritalin chez nos enfants. On devait s'inquiéter davantage de l'absence de diagnostic et de traitement chez les enfants qui en sont atteints. Ces enfants portent fréquemment une étiquette dévalorisante à l'école et présentent dans la majorité des cas une baisse importante de l'estime de soi. Ils sont privés de ressources pédagogiques qui leur seraient nécessaires. Ils sont également à risque accru de présenter des problèmes de toxicomanie ainsi que des difficultés importantes dans leur environnement social et plus tard dans leur milieu de travail. Pour la majorité d'entre eux, ce handicap risque de les suivre tout au long de la vie adulte. Bien que dotés d'une intelligence normale, ces enfants devenus adultes risquent de voir leur accès bloqué à des emplois intéressants et mieux rémunérés à cause de leur sous-performance.La médecine est un art et une science. Les connaissances que nous utilisons pour traiter les patients reposent sur des données statistiques qui renseignent à partir d'observations chez un grand nombre de sujets d'étude sur les critères diagnostiques, l'évolution de la maladie, l'efficacité et les risques du traitement. Il faut extrapoler les connaissances actuelles pour les ramener en terme de probabilités à l'échelle du patient puisque celui-ci ne suit pas forcément le profil des groupes examinés. Il existe toujours un risque d'erreur avec lequel il faut composer, ce qui constitue l'art de la médecine. La décision de traiter ou de ne pas traiter une condition est étroitement liée à l'évaluation de la probabilité du diagnostic et à l'appréciation des risques du traitement ou des conséquences en cas de non traitement.

Or, le Ritalin utilisé sous surveillance médicale adéquate comporte peu d'effets secondaires. Le décrochage scolaire chez les enfants sous Ritalin n'est pas nécessairement dû au médicament, mais le plus souvent, il est causé par un retard important dans le diagnostic ou par des conditions comorbides associées, comme une toxicomanie, des troubles de l'humeur, une phobie sociale, des difficultés familiales, etc. Je suis bien d'accord pour désavouer l'usage du Ritalin dans un cadre d'évaluation hâtive ou lorsque d'autres causes comme les troubles d'apprentissage ou des problèmes familiaux peuvent expliquer la symptomatologie de l'enfant. Cependant une prudence excessive pour identifier le trouble déficitaire de l'attention chez les enfants peut conduire à une sous-estimation du diagnostic. Pour ma part, je considère qu'il est préférable de faire une erreur de sur-diagnostic plutôt que du sous-diagnostic. Il est plus facile de cesser le Ritalin que de réparer les conséquences émotionnelles et comportementales d'une condition qui n'a pas été diagnostiquée chez un enfant.