Le Québec, dans la présente joute électorale, stagne et cultive l'ère du vide. Les politiciens font du saute-mouton, parlent devant des caméras braquées sur eux, téléchargent des communiqués de presse, activent les blogues, additionnent les milliards, se crient des noms, avalent des centaines de kilomètres, promettent mer et monde. Dans ce tourbillon, l'électeur est abandonné à lui-même. Il en perd le Nord.

Jadis les chefs de partis venaient parler au monde dans des salles enfumées. Les électeurs pouvaient les voir, les toucher, aller au micro et les questionner. Ce temps est fini. Les leaders ne voient personne. Ou peu de gens. Ils vont à des points ciblés où les journalistes les attendent. On les voit sur le bord d'un port, dans une usine, en avant d'un corde de bois, à côté du gros autobus. Parfois dans une bergerie, mouton en mains, avec un chef ravi de voir que la brebis a été baptisée de son nom.

Maintenant, les politiciens parlent uniquement aux journalistes qui transmettent une partie du message. Pas étonnant que l'indifférence, le cynisme, le rejet global, la désaffection, gangrènent tout le paysage politique québécois. Vite, le 8 décembre. Sans tempête de l'Immaculée!