À pareille date l’an dernier, plusieurs étaient choqués de constater que des personnes avec une déficience intellectuelle, un handicap ou un trouble du spectre de l’autisme voyaient la hausse de 73 $ de leur allocation pour dépenses personnelles être détournée.

Ce détournement touchait des personnes hébergées en ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF) qui n’ont comme seul revenu qu’une prestation de solidarité sociale. 

Le mécontentement populaire et la pression des groupes de défense des personnes handicapées ont cependant réussi à faire reculer le gouvernement, qui a fini par accorder l’augmentation par la mise en place d’une directive temporaire. 

On aurait pu penser que le gouvernement avait appris de ses erreurs ; eh bien, non ! Encore cette année, les mêmes personnes se voient refuser une augmentation qui leur est due.

Pire, elles subissent une diminution de leur allocation de dépenses personnelles. 

Rappelons quelques faits. 

Décembre 2017

Le gouvernement libéral dépose son Plan d’action en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans lequel il présente les grandes lignes du programme de Revenu de base. Celui-ci s’adresse aux prestataires de longue durée du programme de solidarité sociale et prévoit l’augmentation progressive de leur prestation jusqu’en 2023. À terme, il atteindra 18 029 $, soit la somme que le gouvernement juge suffisante pour sortir de la pauvreté. Plusieurs personnes hébergées RI-RTF remplissent les conditions pour avoir droit au programme de Revenu de base. 

Février 2018

Une première augmentation mensuelle de 73 $ entre en vigueur. Les personnes hébergées RI-RTF n’en voient pas la couleur, recevant seulement une indexation de leur allocation qui est passée de 212 à 215 $ par mois. L’augmentation tombe plutôt dans les poches du ministère de la Santé et des Services sociaux qui profite de l’occasion pour augmenter les frais mensuels d’hébergement. 

Printemps 2018

À la suite d’une directive temporaire du gouvernement, la hausse est enfin accordée aux personnes hébergées qui voient leur allocation de dépenses personnelles passer de 215 à 288 $ par mois. 

Février 2019

Annulation de la directive temporaire et, du même coup, de la hausse de 73 $ accordée en 2018. La nouvelle augmentation mensuelle de 72 $ prévue pour 2019 est, en grande partie, consacrée à une hausse des frais d’hébergement. En fin de compte, les personnes hébergées subissent une coupe de leur allocation de dépenses personnelles par rapport à 2018, laquelle passe de 288 à 245 $. 

Mars 2019

Le ministère de la Santé et des Services sociaux annonce finalement que l’allocation de dépenses personnelles sera à l’avenir augmentée de 10 $ par année jusqu’en 2023. Nous sommes loin des augmentations prévues de quelque 70 $ par mois pour l’établissement du programme de Revenu de base. C’est plutôt le ministère de la Santé et des Services sociaux qui retirera la plus grande part des augmentations en augmentant les frais mensuels d’hébergement. 

Une décision contraire à l’équité 

Les personnes hébergées ne tireront pratiquement aucun bénéfice des hausses prévues dans le dernier Plan d’action en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Et pourtant, le programme de Revenu de base, mesure phare de ce plan, vise en priorité les personnes avec une contrainte sévère à l’emploi et dont le seul revenu est celui accordé par l’État. 

Le gouvernement affirme procéder ainsi par « équité ». De quelle équité est-il ici question ?

Difficile de le savoir. Une chose est sûre toutefois : le gouvernement ne respecte pas l’équité entre tous les prestataires du programme de Revenu de base. Les personnes hébergées ne toucheront qu’une fraction des 18 029 $ que les autres personnes admises au programme de Revenu de base recevront.

Des personnes avec une déficience intellectuelle, un handicap ou un trouble du spectre de l’autisme se voient ainsi désavantagées parce qu’elles sont hébergées, ce qu’aucune n’a choisi. Situation inéquitable s’il en est une, qui demande un correctif immédiat.

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